La Femme De Papier

« Femme de papier, je vais te maquiller ! », et tu choisis
un marqueur rouge dont tu teignis d’abord la pointe de
mes seins, car tu venais une fois de plus de me retourner
sur le bureau, exactement comme un brouillon qu’on lit et
qu’on relit, qu’on retouche et annote.
Ensuite, tu glissas une main sans douceur entre mes
cuisses en déclarant : « Il y a dans ce livre des feuillets
bien cachés », et tu te mis en devoir d’en briser le secret,
d’en déshonorer la pudeur… Tu me fis un sexe tout rouge,
peignant à grands coups de ton pinceau sanglant,
n’épargnant rien, forçant le moindre repli, barbouillant du
même enthousiasme l’intérieur des grandes lèvres, le
délicat dessin des petites, l’entrée du vagin ; lorsque tu
passas sur le clitoris, je ne pus retenir un cri de douleur,
tant l’attouchement avait été brutal…
L’encre dont tu me fardais avec tant de fougue se mit
bientôt à brûler les tissus fragiles de mes muqueuses, et je
fis un geste pour me relever et me diriger vers la salle de
bains. Mais tu me maintins de force sur la table en
décrétant que l’œuvre d’art était loin de la touche finale.
La cuisson que je ressentais avait quelque chose
d’ambigu : c’était à la fois comme si on m’avait frictionnée
avec des glaçons, et comme si une grande main très
chaude prenait possession de mon intimité.
Je reconnus alors, aux spasmes de mon con, qu’une
étrange volupté était en train de naître de cette irritation.
C’était la première fois que j’avais aussi littéralement le
feu au cul. Je te dis : « Souffle dessus, ça brûle trop ! » et
tu refusas : « Non, je vais te fignoler. » La peur me fit
serrer les jambes, mais tu étais plus fort que moi et j’avais