La Femme De Papier

torse abandonné, sachant par expérience combien il est
inutile de te résister lorsque tu as décidé une fois pour
toutes d’une situation…
Tu t’emparas d’une main ferme du chaton, qui
divaguait sur les couvertures, et, de l’autre, non moins
ferme, tu séparas mes genoux. Très obéissante, je
m’ouvris et je t’entendis déclarer : « Tu vas voir ce qu’il
sait faire !… » J’avais presque deviné, mais à te voir
sortir, de l’autre poche de ton vêtement, une petite brique
de crème, je me sentis soudain envahie par une confusion
terrible. « Non ! Non ! Pas ça ! S’il te plaît, pas ça ! — Mais
bien sûr que si ! » répondis-tu sans embarras aucun, puis
tu refermas les dents sur le coin de l’emballage de carton,
que tu déchiras d’un coup de canine très sûr. Que cette
crème était donc froide dans ma fente si tiède ! Froide,
mais douce, et en coulant lentement (c’était de la
« Fleurette », spéciale Chantilly, j’en avais fait maintes
fois un usage des plus honnêtes !…), très lentement au bas
de mon ventre, elle m’occasionna un long et délicieux
frisson, qui n’avait que peu de chose à voir avec la
gourmandise, ou alors s’agissait-il d’une gourmandise très
spéciale ?…
La bestiole, que tu tenais suspendue par la peau du cou
et que tu posas sur mes cuisses, ne miaula pas longtemps.
Son flair sûr la courba vers moi, et tout de suite elle se mit
à me lécher, à petits coups de sa minuscule langue
râpeuse. La sensation était divinement nouvelle… En
premier lieu, elle s’attaqua à mes poils, là où la crème
était d’abord tombée. Elle me nettoya
consciencieusement, et je croyais naître sous sa caresse,