La Femme De Papier

avec calme et assurance d’abord, pour en éprouver le
touchant dynamisme, l’émouvante ardeur…
« Ensuite je ne réponds plus de rien : c’est l’étincelle et
l’incendie simultanés, inextinguibles. Ma main droite valse
dans les flammes avec une vitesse qui confine à la
vibration, c’est une musicienne échevelée, une gitane
abandonnée à l’extase de la danse et qui ondule comme
une forcenée. Regardez, regardez bien, regardez vite, ça
ne va pas durer : je me baise toute seule et j’aime ça, et je
jouis d’être ouverte devant vous, et obscène, et animale,
et sorcière… Je jouis de vous imaginer, de vous
remplacer, de vous supplanter, et je vais même crier, et
me tortiller, et fermer les yeux, et m’immobiliser au
sommet de la joie, très cambrée, brûlante, émerveillée…
« Voyage sans anicroche, paysages grandioses, objectif
atteint… »
Je reviens sur terre pour vous retrouver, avec plaisir,
d’ailleurs… Je vous avais un peu oubliés dans mon périple.
Je voulais surtout vous taquiner, et puis, vous savez ce
que c’est, on se laisse entraîner… Alors ? Comment ça va
depuis avant mon départ ? Quoi de neuf ? Vous avez
changé, on dirait… Vos expressions, vos visages ont
changé – de beaux visages, soit dit en passant, aux
contrastes flatteurs. Boucles nerveuses et brunes d’un
côté, vagues mousseuses plutôt blondes de l’autre,
mâchoire carrée, traits énergiques ici, là, physionomie
plus douce, plus rêveuse, plus fine aussi ; le regard de
gauche hésite entre le jaune et le vert, tandis qu’un ciel
incertain, tantôt gris et tantôt bleu, teinte celui de droite.
Je vous trouve beaux, et différents, et peut-être beaux