You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
tout ! »), je hochai la tête : « Oui, à peu près… -<br />
Naturellement… » Son mot me fit tiquer. Comment ça,<br />
« naturellement » ? Etait-il si naturel, si évident, si<br />
certain que les accouchements se passent bien ? Son<br />
optimisme me décevait un peu, et mon enthousiasme<br />
féministe se lança dans une longue tirade indignée : tout<br />
obstétricien qu’il était, il n’avait donc qu’un point de vue<br />
d’homme, un de ces points de vue résolument de<br />
mauvaise foi, résolument aveugles, pour nier la souffrance<br />
des femmes et leurs traumatismes !<br />
Il m’écouta jusqu’au bout, sourit, et corrigea<br />
doucement : « Non, je voulais dire "naturellement" : par<br />
les voies naturelles. Ce n’était qu’une question ; je vous<br />
demandais si vous aviez accouché par ce que l’on appelle<br />
encore les "voies basses"… - Ah ! oui, par les voies<br />
naturelles !… » Je commençais à m’interroger vraiment.<br />
Il n’allait quand même pas me faire passer une visite !<br />
« Voyez-vous, reprit-il, votre avis rejoint tout à fait le<br />
mien. Il est absolument indéniable que les femmes<br />
souffrent. Et l’obstétricien ne doit pas être seulement un<br />
mécanicien. Il doit aussi s’interroger sur cette souffrance,<br />
savoir l’étudier, la quantifier pour mieux la combattre.<br />
Les appareils que nous possédons, le monitoring, par<br />
exemple, ne donnent qu’une piètre idée de la douleur.<br />
Rien jusqu’à présent n’est capable d’analyser l’angoisse<br />
qui naît de la situation toute spéciale que représente un<br />
accouchement. <strong>De</strong>puis des années, je m’intéresse<br />
philosophiquement à ce phénomène particulier qui veut<br />
que la parturiente, au moment de donner la vie, croie<br />
parfois frôler la mort. J’essaie de définir, de différentes