La Femme De Papier

féminine et à mon désir. Ô contradiction !… Je ne te veux
plus indolent et abandonné, je te rêve fier, farouche,
exigeant, avec une bite comme une colonne, et je serai
l’adoratrice de ce monument, et je me laisserai empaler
en fermant les yeux, déchirée et comblée, martyrisée,
émerveillée, écartelée entre la douleur et la jouissance. Je
suis à fond pour les religions phalliques ; je me ferai
prêtresse, je célébrerai ton culte avec mes mains, avec ma
bouche, avec mon con et mon cul et mon corps tout entier.
Je veux te faire venir une trique formidable, qui se
souvienne des zoos fabuleux où l’homme et le cheval ne
faisaient qu’un.
As-tu compris à quel point je suis résolue ? Tu te livres
à mes attouchements avec bonne volonté, et je peux lire
dans ton regard une curiosité qui m’encourage… Sais-tu
que j’ai décidé de faire de toi l’homme le plus puissant de
l’univers ? Regarde bien, regarde pousser entre tes
jambes cette queue monstrueuse qui te mettra à l’égal du
faune, du satyre, du dieu qu’une forêt mythique cachait
en ses fourrés : lorsqu’il sortait des buissons, sa queue le
précédait de si loin qu’elle semait l’épouvante dans le
ventre des femmes, et l’envie sous la tunique des
hommes… Je te caresserai aussi longtemps qu’il le faudra,
j’ai l’éternité entière devant moi ; je suis la première
femme du monde, la plus belle, la plus habile, la première
salope, et cette histoire de serpent que l’on raconte, je
peux bien te le confier, a été drôlement trafiquée. Je vais
te dire comment ça s’est passé : tu étais là devant moi,
premier homme et unique, mon miroir, mon double, à
quelque chose près. Quand j’ai touché ta différence, elle