La Femme De Papier

que ton cul éclate tout seul, c’est bandant, ça donne envie
d’être carrément dégueulasse, ça fout en l’air tout les
tabous du monde, ça remonte aux temps immémoriaux
où nous étions des animaux sans retenue, des bébés sans
contrainte, heureux de se soulager n’importe où,
n’importe comment… Les principes d’hygiène et de
pudeur nous ont coincé le cul pour toute la vie. Défendu,
interdit, répugnant, à jamais caché, à jamais honteux…
Quel gâchis !
Moi je me pilonne le cul comme si je suçais mon pouce,
avec la même jouissance pleine de défi, le même bonheur
de retrouver un geste enfantin, joyeux, libre, superbe…
Et quand j’appuie devant, c’est encore autre chose…
Ça éveille d’autres désirs, d’autres fringales, tu
comprends ? Tant pis pour La Carmagnole, je danserai la
capucine, tu te souviens, cette chanson où l’on frappe chez
la voisine ? Je frappe chez la voisine, à travers la cloison.
La voisine est chez elle, la voisine me répond…
Ah ! soldat ! oublie Waterloo, reviens, à Austerlitz, je
me branle partout, partout, tu entends ? Tu entends
comme je respire fort, comme je me fais plaisir ? J’ai
envie de me faire mettre, petit soldat, j’ai envie d’un gros
fût, d’une canonnade terrible, à boulets rouges, j’ai envie
de mitraille… Tant pis, tant pis, je vais livrer le combat à
mains nues, mais quel dommage que tu aies le chassepot
en berne, soldat, je te l’aurais bouffé avec une joie !…
Magie du langage, miracle des mots, prodige d’une
poésie vertement efficace ! Ce que mes caresses n’ont pu
obtenir m’arrive tout naturellement, au moment où je
m’y attends le moins : voici ma recrue qui saute soudain