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à rêver que je te maudissais durant l’autre moitié. Je<br />
« le » croisai donc, et répondis à son bonjour par les<br />
mêmes gestes de sympathie enthousiaste ; le dialogue<br />
n’alla pas plus avant, car nous étions chacun au volant<br />
d’une voiture.<br />
C’est en rentrant chez moi que je me suis dit : « Au<br />
fait… » Je n’ajoutai rien, je m’étais déjà comprise…<br />
Retrouver son numéro de téléphone me fut, avec la<br />
complicité d’un hasard désormais tout dévoué, un jeu<br />
d’enfant. Mon appel le trouva seul (Bienvenue, Monsieur<br />
Chance !) et très gentil. Je fus assez laconique : « Dis donc,<br />
j’ai le cafard, si je passais te voir ? — C’est une excellente<br />
idée ! » répondit-il avec la conviction nécessaire pour me<br />
faire remonter très considérablement dans ma propre<br />
estime…<br />
Il y avait très longtemps, à vrai dire, que nous nous<br />
promettions tacitement l’un à l’autre. Mais… une certaine<br />
nonchalance, une certaine timidité de sa part… Mais… toi,<br />
de la mienne… Alors…<br />
Ce soir-là était une occasion rêvée, qui bousculerait à<br />
la fois son indolence de beau garçon réservé, et le pouvoir<br />
despotique que tu commençais à prendre sur moi. Vive la<br />
révolution !<br />
Je ne me préparai pas trop longtemps : il ne faut pas<br />
être empruntée ni sophistiquée pour grimper sur les<br />
barricades !<br />
Mon assaut fut d’abord raisonnable. Je garai ma<br />
Voiture sous sa fenêtre, d’où il guettait mon arrivée. Il<br />
vint obligeamment à ma rencontre, me fit les honneurs de<br />
sa maison, se montra très civil, très prévenant, me