La Femme De Papier

étincelle dans les rayons mauves qui tombent du plafond.
Les tensions s’apaisent sur un slow langoureux, et j’écoute
décroître en moi les battements de mon cœur, que le
show précédent a quelque peu surmené. Si nous
dansions ? Je serrerais contre toi mon émotion, mon
trouble, je me ferais câline, et j’oublierais peut-être ma
fringale inassouvie…
Comme j’ouvre la bouche pour t’inviter, ta main se
pose sur la mienne, impérieuse, pressante : « Regarde ! »
Tu n’as même pas tourné la tête vers moi, tu fixes
quelque chose, de l’autre côté de la salle, quelque chose
qui semble te passionner. Je cherche des yeux un court
instant dans la direction que tu m’as indiquée d’un vague
signe du menton, et je l’aperçois bientôt. Elle est superbe.
Et on ne peut plus en accord avec cette soirée exotique.
C’est une grande mulâtresse très apprêtée qui ondule
languissamment dans un fourreau de soie bleue, et
caresse ses épaules nues à la blondeur artificielle de sa
longue chevelure de vamp. Je conçois qu’elle te plaise. Elle
danse seule, visiblement satisfaite de son corps, de sa
robe qui la révèle plus qu’elle ne la couvre, de ses seins si
tendus sous l’étoffe qu’on en devine les bouts durs et
agacés, de sa taille souple, de ses hanches rondes, de sa
croupe avenante…
Son ventre surtout est captivant, légèrement bombé,
moulé avec une telle indécence de l’estomac jusqu’au
pubis qu’on décèle, à travers le tissu, le creux du nombril
et l’émouvante épaisseur de la toison.
Les vapeurs d’acide m’ont donné toutes les audaces.
« Tu la veux ? » J’ai chuchoté dans ton cou, et ton regard