La Femme De Papier

cherche à forcer, du bassin, le barrage de mes lèvres, et
malmène frénétiquement ma chevelure. S’il continue, je
vais lui mordre la queue… Et comme son agitation, loin de
s’apaiser, semble se muer en furie, je feins, avec une
certaine répulsion tout de même, de serrer les incisives
autour de ce gland dont il m’assaille de plus en plus
brutalement. Ma menace n’obtient pas l’effet escompté :
voici ce détraqué qui se met à grincer des dents et à
grommeler avec des accents qui frisent la démence. « Oui,
oui, mords-moi ! Bouffe-la ! Vas-y ! Mords ! Plus fort ! »
Ma parole, il est dingue ! Un cinglé de l’amputation ! Je ne
vais quand même pas lui raccourcir la zobanche ! Y a des
cliniques pour ça ! Si tu veux te faire faire la chatte, va à
Casablanca, mon vieux, compte pas sur moi !
Toujours à genoux, les mâchoires crispées, les avantbras
tendus pour endiguer l’incursion, les cheveux à la
tortue, je forme les vœux les plus ardents pour que tu
jouisses vite, et qu’on s’en aille loin de cet hermaphrodite
hystérique qui se tord maintenant comme un brûlé vif sur
le bûcher. Hélas ! C’est mal te connaître ! Tu aurais
l’impression de bâcler, de ne pas savoir profiter de
l’aventure si tu t’abandonnais à un plaisir trop prompt. Tu
veux la combler d’abord, la surprendre d’une queue
robuste, increvable, tu veux qu’elle gémisse, qu’elle se
rende, qu’elle supplie, qu’elle s’exclame, s’extasie, qu’elle
halète, crie, rugisse et danse, échevelée, sous ta baguette
magique. Si tu savais, si tu savais ! Car, c’est évident, tu
ne sais rien… Tu es resté derrière elle à respirer dans ses
cheveux, à t’étourdir de ses ondulations, à t’appliquer à la
fourrer, et je ne vois de toi que tes mains sur ses seins, qui