La Femme De Papier

longtemps convoité, le triomphe de l’homme qui gicle
enfin, vient au monde et meurt à la même seconde ?
Je ne sais pas si tu as joui toi-même, et je n’ai pas le
courage de te le demander. Ta bite est encore nue hors de
tes vêtements en désordre, et raide encore. Mais ce c’est
pas une preuve car je la sais rétive au-delà de l’honnête
moyenne, et je l’ai vue parfois, faisant fi de toutes
statistiques, repartir à la charge après un premier rush
sans avoir seulement feint de faiblir…
Gageons tout de même que l’aventure t’a fatigué, tu
sembles un peu abasourdi, un peu ralenti. Je m’interroge
toujours sur tes impressions, attendant ton verdict,
lorsque après un soupir (regret ? lassitude ? résignation à
voir finir les meilleurs moments ?), tu me souris enfin en
déclarant : « Elle était bonne, hein ? »
Ah ! ça, mon chéri, oui, bien bonne ! Des comme cellelà,
il n’en arrive pas souvent !… Mais compte sur moi pour
ne pas déshonorer, d’une confidence égayée et gauloise, le
souvenir que tu garderas de cette jolie fille qui te tendait
ses fesses… Vous étiez beaux tous deux, et je restais dans
l’ombre, humble et diligente, à boire au goulot du
malheur, à consoler, de ma bouche et de mes mains, cette
métisse émouvante et splendide, qu’un ironique destin fit
hésiter entre deux couleurs, entre deux races, entre deux
sexes, cette sirène navrée de sa queue, cette prisonnière
d’un seul et tragique barreau, cette figure de proue d’un
navire en partance qu’amarre cruellement une bitte
importune…
Berce, mon amour, l’orgueil d’avoir possédé une
créature de rêve, une vamp, une star, une cavale