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de me laisser aller. Un gentil sourire au coin des lèvres, le<br />
geste apaisant et le verbe avare, tu m’as câlinée pour me<br />
fermer la bouche… Finie, disparue, envolée la petite saleté<br />
d’un aveu qu’on pouvait regretter !… <strong>La</strong>vée par un baiser,<br />
niée par une moue dubitative, la petite saleté s’est mise à<br />
fondre au soleil de ta candeur qui, on la comprend, se<br />
complaisait plus facilement à écouter mes délires<br />
orduriers des instants fougueux que mes mots d’amour<br />
malades…<br />
Forte de ton exemple et d’un traitement carabiné, je<br />
me suis très bien remise. « Tu sais, ce n’était qu’une<br />
grosse fièvre ! » Bien sûr, tu savais… Tu savais d’instinct,<br />
tu savais d’expérience, tu savais « par cœur »…<br />
Après ma défaillance passagère, je me suis promis :<br />
« Jamais plus je ne souillerai une si belle histoire de fesses<br />
par la trivialité de mes sentiments impurs », et je me suis<br />
appliquée de toutes mes forces à oublier qu’il y avait en<br />
moi un endroit bizarre, ni trou, ni poil, ni peau, qui<br />
t’attendait encore avidement lorsque tu avais caressé,<br />
léché, comblé tous les autres…<br />
Vaille que vaille, j’ai reconquis mon innocence par des<br />
procédés très pascaliens. « Pour croire en Dieu, disait le<br />
philosophe, agenouillez-vous et priez, ça viendra tout<br />
seul ! » J’ai donc entrepris une rééducation parfaitement<br />
consciencieuse. Interdiction de penser à toi autrement<br />
que comme un amant. Ce qui impliquait toute une série<br />
d’exercices spirituels et physiques : ainsi, je m’entraînais<br />
à n’évoquer de ton âme que son attrait pour les fantaisies<br />
du sexe, de ta voix, que les intonations les plus rauques,<br />
les plus troublantes, et de tes yeux, que les éclairs
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