La Femme De Papier

CHAPITRE IV
C’est tout de suite après que les choses se
bousculèrent… Chacun de nos rendez-vous devint une
espèce d’œuvre d’art que nous avions à cœur, l’un comme
l’autre, de fignoler.
Tu avais retenu, de mes lettres, combien la patience et
l’application pouvaient se révéler payantes. Et moi, je m’y
étais convaincue des plaisirs d’une saine violence, bien
orchestrée, consentie et même parfois attendue…
À la rencontre l’un de l’autre, nous progressions avec
une curiosité infinie des gestes, des mots, des situations à
découvrir encore, avec une passion fiévreuse de
collectionneurs, avec la sagesse ambiguë de borner à la
seule volupté nos préoccupations communes.
Nous nous plaisions désormais assez pour vivre
ensemble une histoire échevelée, étrange, onirique…
Il arriva un jour où je ne sus plus rien te refuser. Parce
qu’elle t’avait manifesté clairement un intérêt plus que
flatteur, et parce qu’elle ne te laissait pas indifférent non
plus, je me retrouvai, ce fameux mercredi, seule avec elle
pour t’attendre. C’était la première fois que je conjuguais
ce verbe-là, « t’attendre », qui m’était pourtant si