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les jambes, dis, cette bonne femme qui se fait mettre<br />
comme ça, sur toi ? Tu sais que ça doit être bon pour les<br />
rhumatismes, un truc pareil ?<br />
J’ai le ventre comme une bouillotte, le con tout<br />
embrasé. Ça vaut tous les cataplasmes du monde, ça ! Ça<br />
ne te donne pas envie de remuer aussi ? Ecoute, c’est une<br />
symphonie qu’on me joue là ! Tu vois ce type ? Le Chopin<br />
de l’amour, petit père ! C’est la première fois que tu vas<br />
entendre une "polonaise" exécutée comme ça, d’un archet<br />
aussi vif, d’un trombone aussi fougueux. Ah ! Il me mène<br />
à la baguette, tu sais, et je vais bientôt chanter avec lui,<br />
sur la partition qu’il compose au fond de moi, d’un<br />
instrument allègre…<br />
<strong>De</strong>rrière moi, accroché à mes fesses, tu te trompes de<br />
folklore, et tu danses comme un nègre, du bassin et des<br />
hanches. Tes mains m’agrippent, me griffent un peu, me<br />
malmènent. Et soudain, je sens une autre main, plus<br />
fraîche, plus légère, se poser sur mes cheveux. Ah !<br />
Grand-père, tu veux participer aussi, t’associer ?<br />
Solidarnosc, alors ?<br />
Sais-tu que ta main sur mes cheveux, c’est bon, c’est<br />
rassurant, comme la bénédiction d’un patriarche à la tête<br />
blanchie qui a beaucoup vécu, et qui dirait : « Aimez-vous,<br />
mes enfants, continuez après moi. Il n’y a que ça de beau<br />
et vrai. » Je le dévisage, épuisé et content de cet unique<br />
geste, de cette modeste victoire qui pourtant le laisse<br />
essoufflé, et je décide de me rendre là, à ce moment, avec<br />
une main de vieil homme sur moi, pour me protéger, et la<br />
queue d’un impétueux soudard dans mon ventre, qui<br />
continue à battre, je décide de partir, de mourir un peu,
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