La Femme De Papier

devant le récepteur, en face du lit, t’y assieds et m’attires
sur tes genoux.
« Ça doit pas être drôle, toute la journée là-dedans,
hein, Papy ? Alors, regarde, c’est mieux qu’à la télé !… »
Et tu entreprends de me dévêtir. Le tee-shirt, d’abord,
que tu fais passer par-dessus ma tête comme on
déshabille un enfant. Résignée, j’ai levé les bras sans
discuter, et je m’apprête à quitter aussi mon soutiengorge
que tu ne vas pas tarder à dégrafer dans mon dos.
Mais non. Erreur de prévision. C’est un soutien-gorge à
« balconnets », très décolleté, et tu joues à en sortir mes
seins, qui reposent à présent sur deux armatures en
demi-cercle qui les soulignent et les rendent plus
nerveux. Du pouce, tu en agaces le bout, et, malgré moi
qui meurs très convenablement de confusion en face du
petit vieux attentif, ils se mettent à bander avec une
impertinence épouvantable. Faux frères, va ! Je ne sais
plus où regarder. Devant moi, je croise les prunelles de
myosotis du pépé aux aguets, et si je baisse pudiquement
les yeux, je me vois des mamelons comme des framboises
mûrissant sous tes doigts. Tu parles d’un tableau
bucolique !
Mais tes mains d’horticulteur ont décidé de conquérir
des broussailles plus clandestines. Tu remontes ma jupe
sans ménagements. Humide, elle me colle aux cuisses et
résiste honorablement quelque temps, puis cède enfin
sous la menace (j’ai entendu craquer une couture !). La
culotte ne te gêne pas longtemps : elle va rejoindre par
terre le pitoyable petit chiffon de mon tee-shirt trempé
roulé en boule.