La Femme De Papier

Si je le violais ? Si je l’enfourchais pendant qu’il se
tortille sous les efforts de la parturition ? C’est ça qui
serait marrant ! Le baiser pendant qu’il chie, pendant
qu’il éclate enfin sous le poids de mon corps assis sur son
ventre… Je ressens une curieuse excitation que je dois
sans doute plus aux pouvoirs qu’il m’a délégués qu’à la
vision de sa queue congestionnée. Mais c’est lui, le client,
pas moi. C’est lui qui a choisi, c’est lui qui paye, et moi, je
dois me borner au rôle qu’il a bien voulu m’attribuer.
Bornons-nous ! Bornons-nous !
Nouveau gant, nouveau toucher. La délivrance est
proche : mon patient a des sueurs froides, les dents
serrées et la peau des fesses ridée de grands frissons
spasmodiques. Allons, ma petite dame, du courage, on y
est bientôt ! « Relâchez-vous, lentement… » Oh ! Oui, du
courage, il en faut, et pas seulement à mon accouchée, qui
à force de serrer le cul depuis trois jours et une longue,
une interminable nuit, s’est meurtri les muscles
constricteurs tellement fort que leur détente tient plus de
la déchirure que du soulagement…
Il m’en faut à moi aussi, pour affronter ce moment
absurde, cauchemardesque, où je vois son trou se dilater,
lentement, ainsi que je l’ai ordonné, gonfler, s’ouvrir enfin
pour livrer passage à un rejeton immonde et fascinant…
Le vertige me prend…
Philosophie, certes, pourquoi pas ? Regarde-moi, mon
amant, mon amour. Regarde comme je te prouve
aujourd’hui ma tendresse, mon attachement, ma fidélité !
Contemple-moi, admire mes gestes et ma gravité, le
sérieux avec lequel je récite mon texte ubuesque ; vois-