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MILIEU ET AMBIANCE.

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414<br />

CONFÉRENCE<br />

De la langue des physiciens, ce mot a passé à la langue des biologistes<br />

sous l’influence de Geoffroy Saint-Hilaire dont une des<br />

idées dominantes était de transporter à l’étude des êtres vivants les<br />

procédés et les concepts en usage dans la physique et la chimie. Il<br />

disait d’habitude en ce sens, « milieu ambiant » 47a .<br />

Il s’est introduit ensuite dans le langage des sciences morales<br />

par deux voies indépendantes. Auguste Comte, qui l’avait<br />

emprunté au naturaliste Blainville, en a fait un fréquent usage.Voir<br />

notamment Cours de philosophie positive, leçon XL, 13 et suiv.<br />

« Milieu » y est imprimé d’abord en italiques, et n’est employé<br />

qu’après une explication préalable de l’idée qu’il représente. —<br />

D’autre part, Taine, qui a plus que tout autre vulgarisé ce terme,<br />

l’avait emprunté à l’Avant-propos de la Comédie Humaine de Balzac<br />

(1841) 48 où celui-ci assimile la société à la nature et les variétés indi-<br />

47a Cf. la lettre de George Sand (1835) citée par Baldensperger, Le franc.<br />

mod., VI, 253 : « Tout, dans les choses extérieures (dans le monde<br />

ambiant, comme disait Geoffroy Saint-Hilaire), m’appelait à cette vie ».<br />

48 Des années avant son invention du terme sociologique milieu (une<br />

invention, selon Berthelot, indépendante de celle de Comte), Balzac<br />

emploie le mot en un sens très différent : dans l’extrait de Louis Lambert<br />

(1822) qui suit où il décrit le système psycho-physique de son protagoniste,<br />

milieu est employé pour désigner le siège de l’activité cérébrale :<br />

À des idées nouvelles, des mots nouveaux ou des acceptions de mots<br />

anciens élargies, étendues, mieux définies ; Lambert avait donc choisi,<br />

pour exprimer les bases de son système, quelques mots vulgaires qui<br />

déjà répondaient vaguement à sa pensée. Le mot de VOLONTÉ servait<br />

à nommer le milieu où la pensée fait ses évolutions ; ou, dans une<br />

expression moins abstraite, la masse de force par laquelle l’homme<br />

peut reproduire, en dehors de lui-même, les actions qui composent sa<br />

vie extérieure. La VOLITION, mot dû aux réflexions de Locke, exprimait<br />

l’acte par lequel l’homme use de la volonté. Le mot de PENSÉE,<br />

pour lui le produit quintessentiel de la volonté, désignait aussi le milieu<br />

où naissaient les IDÉES auxquelles elle sert de substance. L’IDÉE,<br />

nom commun à toutes les créations du cerveau, constituait l’acte par<br />

lequel l’homme use de la pensée. Ainsi la volonté, la pensée, étaient les

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