MILIEU ET AMBIANCE.

LEO SPITZER
par les yeux de son esprit, des lignes de force traversant tout l’espace,
où les mathématiques voyaient des centres de force s’attirant
à distance ; Faraday voyait un milieu où ils ne voyaient que la distance.
Et il poursuit, en comparant la macro- et la microphysique :
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…Je vois un objet ; comment puis-je comprendre son existence ? Du
point de vue d’une théorie mécanique, la réponse serait évidente : l’objet
est composé de petites particules tenues ensembles par les forces.
Mais on peut considérer un objet comme on le fait d’une partie de l’espace
où le champ est particulièrement dense. Les mécanistes disent :
voici l’objet situé à ce point de l’espace. Les physiciens du champ
disent : le champ est partout, mais il diminue hors de cette partie si
rapidement que mes sens ne le perçoivent que dans cette partie précise
de l’espace.
C’est bien connu, ce « grand pas » en physique est dû aux recherches
de Faraday et de Maxwell. Le premier, avec sa théorie de la « polarisation
diélectrique » des substances non-conductrices qui servit à expliquer
l’« activité à distance » (ainsi dénommée) de l’électricité, avait anticipé
la théorie des « champs ». Le Professeur Cox, mon collègue
physicien, m’informe que Faraday, qui appartenait à la secte des Sandemaniens,
a pu emprunter son idée aux spéculations théologiques de
Swedenborg, qui croyait que l’Enfer et le Paradis existaient en tension
polaire, et qu’on ne pouvait concevoir l’un sans concevoir l’autre. Son
mot, diélectrique, n’exprime cependant rien de l’idée qui prend forme,
ne représentant qu’une alternative hellénisée de medium. Cf. « Je pense
que l’induction électrique est une action des particules contiguës de
l’isolant medium ou diélectrique » (1939), à quoi s’arrête une note : « J’emploie
le mot diélectrique pour exprimer cette substance par ou à travers
laquelle les forces électriques agissent ». — C’est Maxwell qui, en 1887,
inventa le terme de champ électrique (d’après le modèle du champ
magnétique (1863) — et du « champ du microscope » plus ancien encore
[1747]), où le mot champ indique une « zone ou une sphère d’action, une
zone ou un espace sous l’influence de, ou dans le rayon d’un agent ».