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MILIEU ET AMBIANCE.

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LEO SPITZER<br />

433<br />

milieu* lui-même qui, dans les lignes ci-dessous, n’a aucune<br />

connotation fataliste ni matérialiste. Il est employé poétiquement<br />

pour suggérer un climat ou une atmosphère spirituels agréables :<br />

La description matérielle des choses et des lieux n’est point<br />

dans le roman, telle que nous la comprenons, la description pour<br />

la description. Elle est le moyen de transporter le lecteur dans un<br />

certain milieu favorable à l’émotion morale qui doit jaillir de ces<br />

choses et de ces lieux.<br />

Zola lui-même, décrivant la technique des Goncourt, évoque<br />

la force avec laquelle ils pensaient que l’homme appartient à son<br />

milieu :<br />

Ils le [i.e. un homme] voient dans son milieu, dans l’air où il<br />

trempe avec le rire de son visage, le coup de soleil qui le frappe, le<br />

fond 60 … sur lequel il se détache de tout ce qui le circonstancie et<br />

lui sert de cadre. L’art nouveau est là : on n’étudie plus les hommes<br />

comme de simples curiosités… dégagés de la nature ambiante.<br />

60 Il est intéressant de voir que dans ce passage, fond* est employé en<br />

alternance avec milieu car en anglais, et plus particulièrement en<br />

anglais américain, le mot background a plutôt cette connotation de<br />

« milieu ». Le mot anglais, introduit au dix-septième siècle comme<br />

moyen de traduire fond* (quelque peu avant l’allemand Hintergrund),<br />

était à l’origine (tout comme ensemble*, tout-ensemble*) un terme de critique<br />

d’art ou de mise en scène ; aujourd’hui, plutôt démodé dans cet<br />

usage, le mot français décor* tend à le remplacer. Il peut également renvoyer,<br />

en tant que terme artistique, à l’agrégat, au collectif par opposition<br />

au détail. Dans un commentaire que je lus sur une exposition de<br />

peinture à la National Gallery de Washington, le critique écrivait à propos<br />

de certains tableaux remarquables : « Ce sont des pièces dont probablement<br />

l’on se souviendra le mieux et le plus longtemps, sans pour<br />

autant qu’ils fassent de l’ombre à l’arrière-plan [background] contre<br />

lequel ils sont construits. C’est cet « arrière-plan » [background] collectif,<br />

un mot très inapproprié, j’en suis conscient, dont se souviendra le

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