MILIEU ET AMBIANCE.

LEO SPITZER
475
...ihm sei, durch einen... Freund, die Umwelt aufgeschlossen
(Wilhelm Meisters Wanderjahre) 6
Mais plus tard, sous l’influence du « milieu » biologico-sociologique
de Taine, Umwelt fut détourné de son cours dans la direction
de milieu. Ainsi, un second « accident » influença la carrière de
6 Ce n’est sans doute pas une simple coïncidence qu’Umwelt soit
attesté précisément dans le « Entwicklungsroman » Wilhelm Meister,
pour lequel Elena Eberwein, Romanische Forschungen, LIII, 370 (1939), a
raison de souligner que l’expression Entwicklung (« développement »)
suppose une croissance organique de l’intérieur et implique une accusation
du monde extérieur : après le Sturm und Drang qui nous apporta
la séparation de l’individu et du monde, voyant « le chaos d’un monde
devenu insensé » — la seule chose qui restait à l’artiste était « das, was
dem Künstler nunmehr neu zu schöpfen ist (i. e. sa vie intérieure) » : le
monde extérieur n’est nécessaire que pour renforcer le tempérament
(lequel, cependant, se cristallise de l’intérieur) ; on se rappelle les vers
de Goethe : « Es bildet das Talent sich in der Stille, Sich ein Charakter
in dem Strom der Welt ». Il est significatif que le critique moderne
A. Schirokauer, « Bedeutungswandel des Romans » (Mass und Wert III,
597, [1940]) doive employer le mot Umwelt pour renvoyer au « Bildungsroman
» Wilhelm Meister de Goethe ; pour le citer : « Das Auftreffen des
Ausfahrenden und Lehrlings auf die Umwelt, seine Reaktionen auf
allerlei Reize, die schleifsteinartig seinen Charakter zu klären und kristallisieren
hatten… ». Ici, Umwelt est plutôt employé dans le sens de
Gegenwelt : ce n’est rien d’informe qui puisse se fondre dans le tempérament
de l’homme, mais cela résiste, opposant sa forte matérialité à la
vie intérieure. « Ich kehre in mich selbst zurück, und finde eine Welt »,
dit Werther, reprenant la terminologie augustinienne. L’idée de la
nécessité de se retirer en soi reste très présente dans les expressions de
nombreux érudits allemands : on peut noter, parmi des centaines
d’exemples possibles, les idées du linguiste Porzig sur la « Sondersprache
» — le titre de son article dans « Germanica, Festgabe Sievers »
(1925) ; le préfixe sonder- évoque pour lui une véritable exclusion du
monde extérieur : l’évolution sémantique est expliquée comme survenant
dans le langage singulier de l’individu.