MILIEU ET AMBIANCE.

LEO SPITZER
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libre de la nuance de déterminisme sociologique. Cf. « ¡La circunstancia
! ¡Circum-stantia ! ¡Las cosas mudas que están en nuestro
próximo derredor ! » 3
Selon ce penseur conservateur, si soucieux des valeurs espagnoles,
la tâche devant laquelle l’homme se trouve aujourd’hui
consiste à faire revivre le logos, la signification des « choses silencieuses
» dans notre environnement immédiat : celles qui sont
devenues « absurdes » ou insignifiantes pour ceux qui subissent
l’influence des tendances biologico- et socio-politiques du dixneuvième
siècle : « Yo soy yo y mi circumstancia… Benefac loco illi
quo natus es ». Par opposition avec la connotation menaçante,
déterministe de milieu, les mots la circunstancia, lo circunstante
illustrent la « donnée » librement consentie de l’évolution historique :
ainsi, selon Ortega, les deux écrivains espagnols Bajora et Azorín
sont deux « circumstancias » espagnoles, tout aussi véritables que
la sierra de Guadarrama près de Madrid.
Ortega peut n’avoir pas été conscient de la nuance menaçante
contenue dans le circumstare latin (cf. note 12) ; je suis convaincu
que, familier qu’il était avec la philosophie et la poésie allemandes,
il a simplement traduit l’Umwelt allemand (ces « choses
silencieuses » ne nous rappellent-elles pas Rilke ?) en même
temps qu’il introduisait quelque chose de sa philosophie « méditerranéenne
» selon laquelle la « présence » d’un phénomène a
(La peculiaridad lingüística rioplatense, p. 116), il est employé comme une
expression recherchée pour « pièce » [room] (= habitacion en espagnol
métropoplitain). C’est de toute évidence un italianisme, cf. supra, p.28.
— Chez les écrivains portugais, meio, employé pour milieu (littéralement
« le centre » [the middle]), apparaît encore aujourd’hui entre
guillemets, ce qui indique clairement que la conception de Taine a
pénétré à un faible degré la pensée du grand public.
3 L’immédiateté actuelle suggérée par circunstancia doit nécessiter l’exclusion
de ce halo d’imprécision qui entoure l’ambiance des symbolistes
français.