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CONFÉRENCE<br />
(« Umwelt und Innenwelt der Tiere », 1909). Il oppose l’objectif<br />
Umgebung (les environs de l’animal), au subjectif Umwelt — cet<br />
ensemble de choses qu’il est capable de percevoir, un ensemble<br />
qui a besoin de varier bien plus largement pour chaque animal<br />
individuel que pour les êtres humains : « jedes Tier besitzt seine<br />
eigene Umwelt ». À ce monde personnel extérieur correspond<br />
l’Innenwelt (également appelé Gegenwelt, un mot probablement<br />
formé à partir de Gegenstand = objectum, Konterfei = « image,<br />
contrefaçon », etc.) qui comprend les images sensorielles du<br />
monde extérieur telles qu’elles existent dans l’esprit de l’animal.<br />
Von Uexküll poursuit et suggère que l’acte d’uriner contre les<br />
arbres et les poteaux chez le chien représente un type de délimitation<br />
délibérée de son Umwelt. Il suggère en outre que lorsque le<br />
chien exécute ce que nous aimons appeler « obéir à son maître »,<br />
il ne fait que réagir à un objet familier (le Maître) dans le cadre de<br />
son Umwelt (Montaigne s’est demandé il y a longtemps : « Quand<br />
je joue avec mon chat, qui sait s’il ne s’amuse pas plus de moi que<br />
je le fais de lui ? »). La perception donnée à l’être particulier<br />
(« alles was ein Subjekt merkt ») constitue son Merkwelt ; la sphère<br />
de ses activités (« alles was er wirkt ») constitue son Wirkwelt, de<br />
sorte qu’Umwelt = Merkwelt + Wirkwelt. Un autre travail d’Uexküll,<br />
un livre de vulgarisation scientifique publié en 1934, porte le titre<br />
de « Streifzüge durch die Umwelten von Tieren und Menschen,<br />
ein Bilderbuch unsichtbarer Welten », et contient un exemple<br />
intéressant du pluriel d’Umwelt jusqu’ici inutilisé, mais assez<br />
logique dans le système de l’auteur (« à chaque animal son Umwelt<br />
propre ») ; il illustre également la vieille relation entre Umwelt et le<br />
monde intérieur « invisible » 10 .<br />
10 Sauf le défaut d’infini dans son système des « mondes », les conceptions<br />
de von Uexküll rappellent la « monadologie » de Leibniz ; cf. « il y<br />
a comme autant de différents univers, qui ne sont pourtant que les<br />
perspectives d’un seul* » ; « l’univers n’est pas un : il se reproduit<br />
autant de fois qu’il existe des substances* ». Un animal est une monade