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LEO SPITZER<br />
481<br />
On voit la même affinité entre Umwelt et Welt dans l’« Existenzphilosophie<br />
» de Heidegger pour qui Welt implique le fait<br />
d’être-au-monde (en parallèle avec l’évolution que nous avons<br />
notée « être au milieu* », }μ ¥Ä«È > « le milieu, ¥Ä«∑μ »). Ce Welt<br />
peut renvoyer soit à « die öffentliche Wir-Welt » soit à « die<br />
“ eigene ” und nächste (häusliche) Umwelt » ; cf. Sein und Zeit, I,<br />
66 :<br />
Die nächste Welt des alltäglichen Daseins ist die Umwelt. Die<br />
Untersuchung nimmt den Gang von diesem existenzialen Charakter<br />
des durchschittlichen In-der-Welt-seins zur Idee von Weltlichkeit<br />
überhaupt. Die Weltlichkeit der Umwelt (die Umweltlichkeit)<br />
qui « perçoit » tout comme vous et moi — à la différence qu’il perçoit<br />
selon le point de vue* d’un animal : d’où l’expression de Leibniz points<br />
métaphysiques*, synonyme de « monades » ; la monade, « ut anima, est<br />
velut mundus quidam proprius », c’est un « univers concentré* » (ici, c’est à<br />
une ultime dérivation de l’idée de microcosme que nous avons affaire :<br />
mundo abreviado, petit monde*, monde abrégé*, etc.). H. Heimsoeth, Die<br />
sechs grossen Themen der abendländischen Metaphysik (1934), p. 100, parle<br />
de l’univers de Leibniz comme « diese Welt Realität gewordener<br />
Blicke » : un monde de points de vue devenus réels, et que le Créateur<br />
considère, « es gleichsam drehend nach allen Seiten » ; (p. 137) « Die<br />
Seele ist nicht mehr im Raume… sondern die Aussenwelt… ist ein<br />
Erscheinen in der Seele ». — Dans le cas d’un certain Volksmärchen<br />
raconté par Musäus, un satiriste allemand du dix-huitième siècle, on<br />
trouvera peut-être l’influence des monades de Leibniz : Rübezahl, l’esprit<br />
malveillant qui ne peut garder en mémoire l’image d’une belle<br />
princesse qu’il avait autrfois vue en train de se baigner, décide, afin de<br />
la retrouver, de devenir corbeau — mais pour s’apercevoir alors qu’il<br />
voit tout avec les yeux d’un corbeau, qu’il éprouve les sentiments d’un<br />
corbeau (un nid de mulots l’intéresse davantage qu’une nymphe au<br />
bain). C’est seulement après s’être à nouveau métamorphosé, cette fois<br />
en jeune homme, qu’il est capable de se rappeler et de comprendre<br />
l’idéal parfait d’une magnifique jeune fille. Voici la morale de<br />
l’histoire : « die Seele wirkt in ihrem Denken und Wollen nie anders als<br />
in Gemässheit des Körpers, der sie umgibt » (= corpus ambiens).