MILIEU ET AMBIANCE.

LEO SPITZER
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Il existe une autre connotation dans ce milieu* du concierge
(comme dans celui des Goncourt peut-être) ; ce terme ne désigne
pas seulement un lieu mais un lieu « rempli ». Le milieu d’un individu
(comme le monde que Stevenson présenta à l’enfant) est
« empli d’une quantité de choses ». L’individu se pense comme au
milieu d’un milieu*, entouré d’éléments, de choses familières —
« encadrement » d’officiers, qui peut toujours être remplacé par un
autre de construction identique, si les individus eux-mêmes sont
balayés dans le combat (le terme correspondant en allemand est
« Ersatzbataillon »). De même les cadres sociaux* ne favorisent pas seulement
la discipline mais ont également le pouvoir de persister tels quels
dans l’abstrait, indépendamment des individus. Ils doivent persister
parce que le cadre* en tant que tout, la classe sociale en tant que tout,
doit conquérir — doit soumettre cette colline ou abandonner cette
position selon la stratégie établie par les dirigeants du parti à l’esprit
militaire. — Même le mot climat* en est venu à signifier, chez quelques
auteurs, non plus une essence émanant librement d’un milieu ou d’un
groupe de personnes, mais un facteur pouvant être manipulé, exploité
par ceux qui voudraient exercer une influence sur leurs semblables. Il
suffit de comparer avec une expression comme élevés dans le climat du
régime fasciste* (citée par M lle R. Burkart dans son article sur « climat » in
Archivum Romanum, XXI, 1937). Il y a quelque chose de cela chez Barrès
quand il écrit : « climat de la terre* » ; car bien que le climat moral soit
inhérent à « la terre et les morts* », il est possible pour les forces
conscientes du passé et de ses conséquences de susciter ce climat au
service de leurs propres intentions. (Une telle attitude vient de l’approche
de l’histoire de Taine, que Bourget [Revue des deux mondes,
XLIV, 249] décrit : « …que le problème des milieux à créer et à conserver
devrait être le premier objet du législateur ».) On peut expliquer que
cette altération, due à l’intervention d’un élément volontaire, n’ait pas
eu lieu avec atmosphère* par le fait que l’« atmosphère », naturelle ou
morale, est variable par nature, et ne peut pas être contrainte de la
sorte. De plus, ce mot n’a jamais été pensé comme possédant les qualités
d’efficacité et de conditionnement qui avaient été accordées au
« climat* » pendant deux siècles.