MILIEU ET AMBIANCE.

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CONFÉRENCE
fait qu’il préfère dormir dos au mur, ou avoir les portes de sa
chambre (et même de son bureau) fermées derrière lui. Ainsi, le
mot est non seulement moins technique, mais aussi moins déterminant,
à présent que la « victime » elle-même l’applique à son
propre environnement. Sa signification péjorative [sous-entendue]
a été atténuée et ce qu’il en reste (car il en reste peut-être
toujours quelque chose) est accepté avec philosophie. Le
concierge ronchon qui s’écrie « on peut pas viv’ dans c’miyeu-là »
admet volontiers qu’il ne vit pas dans l’environnement idéal pour
sa personne en particulier — mais alors, « on peut pas choisir son
miyeu ! » Le mot a baissé la garde, mais aucun mouvement populaire
ne voudrait réagir contre cela, comme les littérateurs* ont pu
réagir contre le « milieu » de Taine 69 .
69 La maturation de milieu ne peut cependant pas indiquer l’abandon
de l’attitude déterministe envers l’homme en société ; d’autres mots
s’offrent comme des substituts au moins partiels au « milieu » de Taine
au moment où la lutte sociale se durcit. L’expression cadre social* par
exemple, dans les écrits de C. Bouglé, est employée pour rendre au
mieux la même idée que Durkheim et son milieu social* — bien que,
selon le sociologue français, l’individu ne soit pas « créé » mais seulement
modifié par le cadre social*. Cette expression connote fortement
une volonté d’ordre et de discipline. L’individu, ou son état d’esprit, est
pensé comme un être dominé par un « cadre » social qui lui est imposé
d’en haut ; même la lutte pour l’amélioration de sa propre condition
doit être abandonnée à des forces organisées qui le dépassent. Plus
encore, selon Halbwachs dans ses études sur le suicide (il est également
l’auteur d’un essai sur « Les cadres sociaux de la mémoire »), ce
cadre est nécessaire à l’équilibre psychique de l’individu, lequel est
conduit au suicide en conséquence d’un désencadrement* social, ou
d’une désintégration, d’un vide social* (le vieux vide de la physique
s’applique ici à la sociologie). — Les implications de cette expression
ne peuvent être pleinement comprises que si l’on se rappelle son origine
militaire, glissant de là à la terminologie politique (de la bureaucratie
militaire à la bureaucratie politique !), et si l’on garde à l’esprit
la fonction du cadre* militaire. On dit qu’un bataillon comprend un