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MILIEU ET AMBIANCE.

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LEO SPITZER<br />

467<br />

Les mots soulignés sont une traduction de Goethe : « In<br />

einem solchen Element, bei solcher Umgebung 4a , bei Liebhabereien<br />

und Studien dieser Art… » Cependant, l’Element et l’Umgebung<br />

de Goethe sont à comprendre uniquement en référence aux<br />

vers que Carlyle a supprimés — un passage où Goethe affirme<br />

qu’Ossian a trouvé un « endroit » parfait pour la mélancolie<br />

anglaise : la lande, une « nuit calédonienne » sous la lumière de la<br />

lune, quand les héros morts et les belles demoiselles d’autrefois<br />

[maidens once fair] reviennent à la vie fantomatique. C’est ainsi que<br />

Goethe, pensant au paysage ossianique, parlait d’un « élément » de<br />

la nature, tandis qu’Umgebung représentait un terme médian entre<br />

l’environnement naturel et l’environnement spirituel (ce qu’on<br />

voit clairement dans les mots qui suivent — Liebhabereien et Studien,<br />

qui ont évidemment trait au spirituel) 5 .<br />

4a En ancien allemand, umbgehende Luft était la traduction d’aer<br />

ambiens, cf. le passage de Geschichtsklitterung de Fischart cité par Jean<br />

Paul dans Vorschule der Ästhetik : « [une jeune fille avait] rosenblühsame<br />

Wänglein, die auch den umbgehenden Luft mit ihrem Gegenschein als<br />

ein Regenbogen klärer erläuterten wie die alten Weiber, wan sie aus<br />

dem Bad kommen » (les joues rosées de la jeune fille reflètent la teinte<br />

de l’air ambiant).<br />

5 Gundolf a raison d’affirmer dans sa biographie de Goethe (pp. 406 ff.<br />

620 ff.) que ce dernier ne concevait pas sa propre autobiographie selon<br />

la théorie du « milieu » qui pense l’homme comme une victime passive<br />

de circonstances objectives, mais au contraire qu’il voyait dans sa personnalité<br />

la « Geistwerdung… auch der aussermensschlichen Wesenheiten<br />

» ; les forces naturelles et culturelles que Gundolf lui-même<br />

nomme Umwelt (entre guillemets — le milieu de Taine), signifiaient<br />

pour Goethe les « Geist und Atmosphäre der unpersönlichen Welt » ;<br />

pour Goethe, la Mère Nature et le Père Spirituel étaient en paix : ils ne<br />

formaient qu’un élément matériel-spirituel (« geistigstofflich »). Ainsi, le<br />

décor imaginaire d’Ossian dont parle Goethe est pour lui à la fois un<br />

passage et un climat spirituels (« Lokal », « Element », « Umgebung ») —<br />

aussi fidèle que son propre décor de Francfort.

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