MILIEU ET AMBIANCE.

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CONFÉRENCE
parallèle, il se rappelle les exaltations mystiques dont le Parti l’avait
accusé :
Le Parti désapprouvait ces états. Il les appelait du mysticisme petit bourgeois*,
refuge dans une tour d’ivoire… Le « sens océanique » était
contre-révolutionnaire. Car dans la lutte, on doit avoir ses deux jambes
fermement rivées au sol. Le Parti enseignait à chacun comment y parvenir.
L’infini était une quantité politiquement suspecte, le « moi » une qualité
suspecte.
Avec la solidification de l’espace dans la physique moderne se
découvre dans la pensée esthétique moderne une conception proche
de celle des Anciens : dans son traité sur la danse (« Die Welt des Tänzers
», Stuttgart, 1920), Rudolf von Laban parle en des termes rappelant
Aristote, d’un Raumkörper comme d’une sorte de « champ cristallisé ».
K. E. Gilbert rend compte de ses théories dans The Journal of Aesthetics
and Art Criticism, I, 112, dans les termes suivants :
La suite de geste… nécessite un récipient propre pour la contenir. Le récipient
est ce que l’on appelle le Raumkörper. Le corps spatial, qui
occupe le lieu d’un ordre signifiant, doit lui-même s’harmoniser avec
l’expression… ; il doit même prendre part à celle-ci, car il joue un rôle
dans la danse tout autant qu’il la contient. C’est ainsi que l’espace tridimensionnel
dans lequel le danseur dessine ses figures n’est pas fonctionnel.
Ce qui l’entoure est un environnement indifférent, non un
partenaire malléable. L’ordre dans l’espace signifie pour lui une piste
sur le sol, un ensemble de figures linéaires, les cinq positions, comme
on les appelle, qui orientent les seules relations acceptées de ses deux
pieds entre eux, et ses propres trois dimensions… « Le Raumkörper, le
corps-espace, dit Elizabeth Selden, a pour le danseur autant de consistance
et de réalité que le corps physique »…
La danse de Mary Wigman, premier et principal disciple de von Laban,
a beaucoup de liens, selon Gilbert, avec celle de son maître : elle met
en évidence le Raumkörper, les tensions déterminantes et la cristallisation
dans le medium chorique [choric medium].