MILIEU ET AMBIANCE.

LEO SPITZER
Surroundings, qui traduit le français les environs*, apparaît très
rarement dans une signification proche de celle d’environment :
Kim (le héros du roman de Kipling, 1901) sent que son âme n’est
« plus en prise avec ce qui l’entoure [its surroundings] — comme
une roue dentée séparée de son rouage, tout comme l’inutile roue
dentée d’un broyeur de sucre de Beheea au rabais abandonné
dans un coin ».
En réaction contre l’élément déterministe qui prévalait dans
environment, William James a employé le mot tone (dans le sens de
…∫μ∑» « tension », tonique = « fortifiant », etc., avec en même temps
un clin d’œil au ton musical) en référence à cette part de l’ambiente
qui peut et, selon la philosophie activiste de James, qui
devrait être créée par l’homme ; cf. aussi son essai Great Men and
their Environment (1880) : « le ton créé par ces grands hommes est
repris par d’autres ».
IV L’UMWELT ALLEMAND.
Le mot allemand Umwelt (qui n’est pas, au passage — et
comme on pourrait le croire à première vue — une traduction,
une Lehnübersetzung d’« ambiens [medium] ») a connu une histoire
étrange. L’origine de ce mot a été l’occasion d’un problème :
Götze, l’éditeur de l’édition définitive de l’Etymologisches Wörterbuch
de Kluge, est convaincu qu’Umwelt a été emprunté au danois
umverden (même si Kluge lui-même a exprimé son incertitude
quant à la théorie de cette origine, dans sa Wortforschung und
Wortgeschichte, 1912). Il est vrai que le mot danois n’est pas attesté
avant 1822, alors qu’Umwelt, son fruit présumé, apparaît dès 1800.
Mais l’attestation tardive de omverden a été plutôt négligée (probablement
sur l’hypothèse selon laquelle un mot peut avoir été en
usage quelque temps avant son apparition en littérature) en
faveur d’une autre, jugée probante : cet Umwelt apparaît d’abord
dans la poésie (en allemand) d’un poète danois, Baggesen ; ce
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