MILIEU ET AMBIANCE.

LEO SPITZER
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jours » — son caractère accidentel, sa texture désagrégée (« détaillée
» [detail-ed]). Mais le mot allemand Umgebungen n’était pas destiné
à devenir représentatif de milieu 8 : sa forme singulière ne
pouvait servir, le limitant à une référence purement géographique,
de même que le pluriel ne convenait indubitablement pas
pour rendre le singulier français. Ainsi Umwelt l’emporta — avec
la restriction (ou plutôt l’extension) notée plus haut 9 .
Les trois mots Umgebung, Umwelt et Innenwelt ont été analysés
en rapport avec la vie animale par le biologiste von Uexküll
8 En 1880 déjà, Alexandre von Villiers disait que Taine avait fondé « ein
System der Umgebung » (« Briefe eines Unbekannten », p. 396), cf.
p. 389 : « …die Neidung…, Werke der Dichter… in den Umgebungen, wo
sie entstanden, zu lesen. …Dieses Zusammenwirken des ambierenden
Mediums mit den darin entstandenen Geistesprodukten… ». Ainsi Villiers
traduit le français milieu ambiant par le vieux mot allemand Umgebungen.
J’ai également rencontré ce mot dans Vorlesungen über dramatische
Kunst (1808) d’A. W. Schlegel, où il affirme que la peinture peut
décrire l’homme dans son Umgebungen ; de même que dans les Tagebücher
de Hebbel à la date 24 novembre 1843 : « Im Jardin des Plantes :
jedes Tier hat eine Umgebung, wie in dem Lande, woher es kommt.
Dem Renntier fehlt die Lappenhütte nicht usw » ; enfin chez Raimund
(cf. l’introduction au Raimunds Leben und Werke, Fürst éd., p. xxii) : « Die
Umgebungen, mit denen ich zu leben gezwungen bin, werden täglich
abscheulicher… [il doit décider] die falschen Steine aus dem Ring seiner
Umgebungen auszubrechen » [c’est-à-dire en évitant tout contact
avec un certain compagnon de scène ; ici, « environnement » correspond
clairement à un environnement humain].
9 Le Dr. Max Weinreich me signale un emploi yiddish moderne, rappelant
stämning-Stimmung, qui a pu être influencé par la théorie du
milieu : le mot svive (d’origine hébraïque) — « alentour » [surrounding] a
développé une signification qu’il me définit à l’aide de deux épithètes
allemandes très proches de Stimmung : « gemütliche, anheimelnde
Gesellschaft von Gleichgesinnten, ohne die das Leben hart und einsam
scheint » (un journal littéraire comportant le nom Svive a récemment
été trouvé).