MILIEU ET AMBIANCE.

LEO SPITZER
425
expliquera, sous 54 les influences de l’hérédité et des circonstances
ambiantes 55 … puis montrer l’homme vivant dans 54 le milieu
social… » Et en effet, on peut envisager l’homme comme la victime
[historized] ; ou bien, selon les mots d’Auerbach dans son article sur
natura chez Vico (Arch. rom., XXI, 177) :
Die Natur der Dinge ist nichts für sich selbst ; sie ist identisch mit der
jeweiligen geschichtlichen Lage, aus der die Dinge entstehen.
Vico, le fanatique de la « nature historicisée » [historicized], s’oppose aux
deux historiens naruralistes, Taine et Machiavel.
54 Les locutions adverbiales de ce type, introduites par sous*, dans*, etc.,
offrent des exemples de ce que j’ai appelé « inszenierende Adverbialbestimmungen
» (Stilstudien, I, 7). De telles expressions servent de
déterminants au « milieu » et, apparaissant avec les naturalistes comme
Zola, Huysmans, etc., révèlent l’influence d’une Weltanschauung sur le
style. Taine lui-même, passé romancier, employa le même appareil stylistique
dans son Thomas Graindorge :
Un juge : il s’est desséché dans une salle trop chaude, sous le bavardage
des avocats, parmi les physionomies basses et inquiètes, dans les mauvaises
exhalaisons, parmi les odeurs douteuses.
Ce passage met très nettement en évidence l’activité du « milieu »
comme déterminant de l’individu.
55 Ambiant, qu’on retrouve dans cette expression de Zola et dans d’autres
similaires (système ambiant, nature ambiante, circonstances ambiantes de
Comte, Leçon XL, pp. 201-202), représente très probablement la continuation
de l’épithète technique qui auparavant accompagnait milieu (medium
ambiens). Bien que cet adjectif soit devenu rare en association avec milieu
une fois que ce nom eut recouvert une dimension sociologique (cf. cependant
le milieu ambiant physiologico-sociologique de Claude Bernard ciaprès),
il semble raisonnable de supposer que leur longue association ait
rendu possible la suggestion de milieu dans sa nouvelle acception par
ambiant : en effet, il ne serait pas malencontreux de traduire les circonstances
ambiantes* par « les circonstances du milieu* ».