MILIEU ET AMBIANCE.

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CONFÉRENCE
ce mot. Bien qu’il eût une signification vague et indéfinissable au
début, il en vint à être investi de la tâche aiguë et circonscrite de traduire
un terme technique de la science. Cependant Umwelt n’est
jamais complètement entré dans l’orbite de milieu ; aujourd’hui
encore, sa nuance subjective originelle n’a pas été perdue car elle ne
renvoie pas simplement au « milieu » comme environnement objectif,
mais aussi en tant qu’il est envisagé du point de vue de l’individu.
Umwelt est également, même aujourd’hui, je crois, un mot plus poétique
que le milieu technique, devenu prosaïque 7 .
7 La transparence étymologique d’Umwelt, par contraste avec l’« opacité »
d’ambiente, ambience, milieu (celui-ci dans une moindre mesure) et environment
peut servir d’exemple à ce que Fichte, A.W. Schlegel et, plus récemment
H. L. Chamberlain (avec beaucoup d’exagération) ont considéré
comme un trait caractéristique de l’allemand : selon eux, c’est une « ursprüngliche
Sprache », alors que les langues romanes sont de nature largement
dérivée — et donc « à moitié mortes » (cf. Zufall – hasard*). La qualité
de transparence étymologique reflète souvent une forte nuance de chaleur
et d’intimité : en anglais où les mots des deux types alternent souvent,
on peut rapprocher hearty et cordial, ou — plus en rapport avec
notre propos — inner et interior. Et combien plus froids sont en français
intérieur, extérieur qu’en allemand innerlich, äusserlich (cf. par exemple
« das Äussere ist ein in Geheimniszustand erhobenes Inneres », « [l’âme]
Berührungspunkt der äusseren und inneren Welt », Novalis) ; il est intéressant
de voir que le Vocabulaire de la philosophie de Lalande n’a que des
exemples insignifiants à offrir à l’article intérieur : l’expression monde intérieur
= Innenwelt manque. — Pourtant le français a également été
influencé par la transparence étymologique d’Umwelt, si l’on en juge
d’après le titre du livre de Lintilhac, « Les Félibres à travers leur monde et
leur poésie » (1895), où le « monde » représente un medium opaque que
l’œil du critique serait capable de percer ; ou encore, par une expression
comme monde social, telle que Bouglé l’emploie (l.c. p. 20) : « Un acte
volontaire tend toujours à s’extérioriser, à n’agir sur le monde matériel
que par l’intermédiaire d’un monde social » — l’auteur aurait tout aussi
bien pu employer le néologisme français cadre social.