MILIEU ET AMBIANCE.

LEO SPITZER
Ce « milieu » accueillant, capitonné, nous entraîne très loin du
terme original des physiciens – milieu ambiant*. En ce qui
concerne le terme de milieu* plus général, autrefois employé
comme un équivalent du moyen de transmission de forces attractives
de Newton — ce milieu, comme nous l’avons vu, représentait
un concept qui n’a eu aucune influence dans l’évolution du terme
moderne. En réalité, le mot lui-même (milieu = medium) a pratiquement
disparu du langage des physiciens qui ont adopté le
« champ » de Maxwell. En conséquence, toute trace matérielle
d’un lien ayant autrefois existé (medium ambiens – medium aetherium)
a disparu.
Et pourtant, de manière assez curieuse, on trouve le mot
milieu* employé par Valéry, poète-scientifique (« Essai d’introduction
à la méthode de Léonard de Vinci », Variété I) 71 , dans un débat
sur la physique moderne. Au premier abord, cela pourrait sembler
Und dieses Innere gedrängt und täglich / mit allem überfüllt und ganz
unsäglich. Die Insel ist wie ein zu kleiner Stern, / welchen der Raum
nicht merkt und stumm zerstört/ in seinem unbewussten Furchtbarsein...
» (on remarquera la récurrence de « überfüllt » et de « gedrängt »,
épithètes qui suggèrent un appartement). Et tout ce qui est eng
(« étroit ») évoque pour lui Angst et Bange [Be-ange], deux mots dont il
ne soupçonnait probablement pas le lien étymologique : dans une
lettre de Paris (du 28 septembre 1902), il se plaint de son hôtel d’étudiant
dans le Quartier Latin, de « diese enge Gasse mit den Fenstern
vis-à-vis, mit den vielen eingerahmten fremden Lebensmomenten,
deren Zeuge man fortwährend zu sein gezwungen wird ; gerade in den
Augenblicken, da man den Blick nach Fernen hebt, Engen begegnend,
die bange machen ».
71 Il est significatif qu’on ait dû, dans les extraits d’écrivains des dixneuvième
et vingtième siècles (Balzac, Taine, Zola, Valéry), si fréquemment
citer à partir d’« Introductions ». La formulation rationnelle de
programmes dans le champ de la science ou de l’art est un trait typiquement
français parfaitement analysé par Curtius dans son ouvrage
sur la civilisation française.
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