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CONFÉRENCE<br />
corps donné » 47 . Au cours du dix-huitième siècle, cette expression<br />
(ou le mot milieu* seul) s’est limitée à la terminologie des physiciens ;<br />
47 On trouve aussi, avec la même signification, substance ambiante, corps<br />
ambiant, etc. Selon Michaëlsson la forme substantivée les ambiants<br />
(= « les corps ambiants* ») se trouve chez Leibniz et dans certaines traductions<br />
de Newton. — Cet adjectif technique s’est très vite vulgarisé<br />
au dix-huitième siècle, comme le montre l’expression les maisons<br />
ambiantes attestée par Gohin : cette vulgarisation a été encouragée par<br />
un fossé syntaxique en français : quand en anglais on peut dire simplement<br />
the houses around, en allemand die Häuser rundherum, l’expression<br />
française correspondante — les maisons autour* — a été interdite par le<br />
veto des grammairiens. — Plus tard, on notera une évolution plus<br />
poussée de cet ambiant technique (de même que milieu, son associé<br />
attitré, évolue lui-même en rapport). Mais il convient à présent d’attirer<br />
l’attention sur cet autre ambiant qui ne doit rien à Newton, et même<br />
qui s’était fermement enraciné dans la langue au cours des deux siècles<br />
précédant la traduction de ses œuvres. C’est ambiant tel qu’on le trouve<br />
dans l’expression singulière air ambiant, sur laquelle Michaëlsson luimême<br />
porte son attention. Employée par Paré, elle devait être au premier<br />
chef une expression scientifique. Mais à cause de son large<br />
domaine de référence, parce qu’elle décrivait l’air que chacun respire,<br />
elle ne pouvait rester indéfiniment une expression technique. Ainsi<br />
nous trouvons dans la poésie de Lamartine une référence à « l’air<br />
ambiant et pur ». — Dans le passage de Rousseau qui suit (qui aurait<br />
exercé son élève Émile à posséder « des yeux au bout de ses doigts »<br />
avec lesquels s’orienter dans l’obscurité), on voit avec plus de force<br />
encore la connotation subjective de l’air ambiant :<br />
Êtes-vous enfermé dans un édifice au milieu de la nuit, frappez des<br />
mains ; vous apercevrez, au résonnement du lieu, si l’espace est grand<br />
ou petit, si vous êtes au milieu ou au coin. À demi-pied d’un mur, l’air<br />
moins ambiant et plus réfléchi vous porte une autre sensation au visage.<br />
Si l’on se réfère à la signification originelle d’air ambiant (« l’air qui<br />
entoure toutes choses »), une qualification telle que moins ambiant<br />
serait une absurdité. Ou encore, la connotation étroitement locale de