MILIEU ET AMBIANCE.

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CONFÉRENCE
Ainsi Umwelt, avec ses connotations quasi-spatiales (comme
l’indique le préfixe um- 12 ), devient le caractère constitutif de l’existence
humaine. Aussi bien dans sa vie quotidienne que dans l’en-
monde qui n’a jamais été si large ni si ouvert ! Ce Welt de Husserl (qui
est l’Umwelt privé du préfixe √|ƒ§), Landgrebe le traduit en anglais par
« life-world – le monde de la vie » (une création qui signifie simplement
« le monde dans lequel nous vivons ») ; ce faisant, il est involontairement
retourné à l’étymologie de world (« wer-alt », « époque, vie de
l’homme », « saeculum »). Le terme ne signifie pas « environnement »,
ni même « milieu » : il touche essentiellement à la théorie des
« champs » et, dans la terminologie de Husserl, il est le mieux placé
pour traduire ce terme technique de la physique (contrairement à
milieu qui, nous l’avons vu, n’est pas entré dans le vocabulaire de la
science moderne). — Il est bien connu que Husserl, en accord avec
l’aphorisme de Condillac « Une science n’est qu’une langue bien
faite », a formé pour ses besoins son propre langage en rendant explicites
des connotations revenant aux mots allemands, parfois en restaurant
leurs usages littéraux ou archaïques (pour un exemple de ce dernier
fait, cf. le umbering médiéval qu’on retrouve dans Umring cité plus
haut) ; il n’a cependant pas cédé à ce procédé dans la même excessive
proportion qui caractérise Heidegger. — Celui-ci, qui adopta de
manière générale l’approche de son maître, ne s’est pas intéressé au
concept de « champ » (c’est pourquoi chez lui il y a une insistance sur
le préfixe de Um-welt) ; il nous montre l’homme s’enracinant désespérément
dans son Umwelt ; Umhaftes der Welt est la caractéristique principale
de son Dasein = In-der-Welt-sein : avec lui, √|ƒ§- est rétabli dans
toute sa force. Le propos de Heidegger n’est pas de révéler les structures
au grand jour au point de se concentrer sur « l’environnementalité
» [surroundedness] de l’homme. Il n’est pas surprenant qu’il ait abandonné
l’Horizont de Husserl : il se pourrait qu’un mot étranger ne
convînt pas à ses goûts linguistiques. Mais plus encore, ce terme, si
attaché à la nature, révèle clairement son lien avec la théorie de la perception
; il a de plus des connotations d’éloignement, alors que Heidegger
préfère plutôt le « pathos de la proximité » ; il est fasciné davantage
par les phénomènes manifestant Ichnähe : « Im dasein liegt eine