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CONFÉRENCE<br />
très concret que l’homme, c’est-à-dire le peuple allemand, était en<br />
droit de revendiquer, et transformer l’Innerweltlichkeit allemande<br />
en une volonté de domination du monde. Dans un article de Der<br />
Il y a ici la notion d’un halo autour de la personnalité : un halo né avec<br />
la personnalité et comparable à un corps solide. Tel que ce demiromantique<br />
l’emploie, le mot « ombre » nous renvoie plutôt à la psychologie<br />
pré-logique des contes populaires primitifs, et à la conception<br />
chrétienne de « l’ombre » = « l’âme » (l’âme, si elle est vouée au diable,<br />
n’est qu’une ombre, irréelle). — Le mot Lebensraum quant à lui semble<br />
être de l’invention de Goethe ; le DWb. (et non le Goethe-Wörterbuch de<br />
Fischer) répertorie cet extrait (que je n’ai pu situer dans les éditions<br />
modernes) : « in einem solchen gedränge treten zuletzt alte gewohnheiten,<br />
alte neigungen wieder hervor, um die zeit zu tödten und den<br />
Lebensraum auszufüllen » — à partir duquel il est évident qu’avec<br />
Goethe, ce mot voulait désigner l’analogon spatial du temps alloué à<br />
l’individu : « l’espace entourant et donné naturellement à l’individu »,<br />
avec une insistance sur le sentiment personnel de cet espace : Lebensraum<br />
signifiait assurément ici (comme il convient à l’attitude tranquille<br />
et souveraine du Lebensgefühl de Goethe) « l’espace auquel l’homme<br />
pense lui-même avoir droit » ; c’est, pour ainsi dire, un récipient spacieux<br />
qu’il possède naturellement, et qu’il peut emplir de diverses<br />
façons ; il ressemble à la Lebenskreis, au Spielraum ou à la Spielkreis* –<br />
l’espace dans lequel les enfants jouent librement (ou bien où jouent les<br />
forces naturelles, avec la liberté des enfants). On emploie encore<br />
Lebensraum avec le sens de « la grandeur naturelle de l’environnement<br />
de l’homme » (Börne, vers 1830, dans Fastenpredigt über die Eifersucht),<br />
qui oppose la maladie de la jalousie à des affections mineures comme<br />
la scarlatine : la première emplit entièrement « die grossen Lebensräume<br />
des ausgebildeten Mannes und Weibes », la seconde ne faisant que<br />
rider la surface de la vie humaine.<br />
[* Spielkreis lui-même pouvait servir de synonyme de milieu ambiant :<br />
en 1836, Adolf Schöll écrit au sujet d’Eichendorff (cf. Eichendorff<br />
Werke, R. Dietze éd., I, 323) que « seine Gestalten und Handlungen ihre<br />
Gründe und farbigen Spielkreise mit sich bringen, die umfassende Natur