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MILIEU ET AMBIANCE.

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LEO SPITZER<br />

le passage du mot dans le vocabulaire des biologistes lui donne<br />

un sens nécessairement plus riche 51 .<br />

Le second palier (de la biologie à la sociologie) semble inévitable<br />

quand on étudie la tendance générale de l’époque : un<br />

demi-siècle avant Comte, Cabanis avait proclamé que les barrières<br />

entre la science naturelle et la science sociale étaient tombées, et<br />

un sentiment toujours plus fort de la solidarité de l’homme et de<br />

de Paré sur la bactériologie moderne dans les lignes suivantes, où il<br />

emploie une terminologie du dix-neuvième pour décrire cette théorie<br />

du seizième :<br />

417<br />

on leur (i. e. aux parasites) assignait un milieu d’existence, en quelque<br />

sorte une humeur de culture et un mode de propagation déterminés<br />

d’avance, tantôt l’air, tantôt la terre… Malheureusement le parasite est,<br />

en réalité, un infiniment petit ; sa forme et ses moyens d’action sont<br />

inappréciables à l’œil nu. Force est de s’en prendre à son « milieu ».<br />

Dans le mot de Delacroix (1845, cité par Baudelaire dans L’art romantique,<br />

1868) : « Comme un rêve est placé dans une atmosphère colorée<br />

qui lui est propre, de même une conception, devenue composition, a<br />

besoin d’un milieu coloré qui lui soit particulier », je ne puis dire si l’expression<br />

soulignée renvoie au milieu = « milieu d’existence* » ou = le<br />

« juste milieu* ».<br />

51 Ce glissement vers la biologie peut être retracé au-delà même de<br />

Geoffroy Saint-Hilaire : M. Henry Deku a attiré mon attention sur une<br />

lettre de Leibniz à De Volder (Gerhardt éd., II, 250) dans laquelle il<br />

s’oppose à la théorie de la discrimination des corps matériels selon<br />

leur position dans l’espace, au motif que des concepts aussi abstraits<br />

que « l’espace », la « ligne mathématique », etc., inventés par les philosophes,<br />

n’embrassent pas la nature complète des choses (« scilicet non<br />

nisi incompletas abstractas adhibuere notiones sive mathematicas,<br />

quas cogitatio sustinet sed quas nudas non agnoscit natura »). Dans la<br />

nature réelle, dit Leibniz, deux corps ne sont pas égaux en même<br />

temps (selon le point de vue mathématique) ni similaires (qualitativement)<br />

; il poursuit : « Etiam quae loco differunt, opportet locum suum,<br />

id est ambientia exprimere, atque adeo non tantum loco seu sola extrin-

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