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MILIEU ET AMBIANCE.

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420<br />

CONFÉRENCE<br />

constante aversion pour le néologisme systématique, ne me permet<br />

guère de douter que ce terme abstrait ne manquât réellement jusqu’ici<br />

à la science des corps vivants.<br />

Ainsi, le sens de ce mot biologico-sociologique s’étend plus<br />

encore jusqu’à inclure « l’ensemble total des circonstances extérieures,<br />

d’un genre quelconque, nécessaires à l’existence de chaque<br />

organisme déterminé ». Et Balzac, lui aussi, dans son Introduction<br />

(1841) à son œuvre colossale dans laquelle il essaya (comme il le fit<br />

dans plusieurs de ses Physiologies [!]) d’analyser la relation existant<br />

entre l’environnement physique et social et les sujets humains de<br />

son étude 52a , employa le mot milieu* en ce sens plus large.<br />

Mais les différentes étapes de l’évolution de ce mot impliquaient<br />

bien plus qu’une extension de son sens : quand le terme<br />

est employé pour renvoyer à l’environnement d’un être vivant —<br />

elle est représentée, outre le mot français, par l’expression puriste<br />

propre à cette langue de das Gesamt (sur le modèle de das All), créée par<br />

le cercle de Stefan George. On peut comparer à das Gesamt l’italien<br />

l’insieme qui, de même, semble représenter une abstraction moderne<br />

d’un vieux terme, employé pour rendre le français ensemble ; cf. le commentaire<br />

de Mussafia des vers du Décameron (III a gior., introd.):<br />

parendo loro …di maravigliosa bellezza tutto insieme, più intentamente<br />

le parti di quello (un palais) cominciarono a guardare.<br />

D’après l’éditeur : « Oggi si direbbe pessimamente (!) nell’insieme o nel<br />

suo insieme ».<br />

52a E. Auerbach, dans son ouvrage Mimesis (1946), p. 420, a judicieusement<br />

commenté cette introduction, et ce passage significatif dans Le<br />

Père Goriot : « Toute sa personne [Mme Vauquer] explique la pension<br />

comme la pension implique sa personne… L’embonpoint blafard de<br />

cette petite femme est le produit de cette vie, comme le typhus est la<br />

conséquence des exhalaisons d’un hôpital » — un passage qui devrait<br />

être rapproché de la fameuse phrase de Taine : « Le vice et la vertu sont<br />

des produits comme le vitriol et le sucre ».

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