MILIEU ET AMBIANCE.

LEO SPITZER
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ambiance* — cependant l’évolution ultérieure du mot fut assurément
influencée par cet « autre » ambiant* dont nous avons
parlé, et qui était un terme si poétique chez Rousseau et
Lamartine. Le mot ambiance* seul, employé hors de son
contexte dans l’extrait de Goncourt, pouvait aisément suggérer
quelque chose de tout à fait autre que ce qu’il avait l’intention
d’évoquer au moment de sa création. — Quoi qu’il en soit,
quatre explications témoignent simplement de l’échec, jusqu’à
présent, pour trouver la bonne — dont la découverte doit être
laissée à l’avenir.
sous le titre « geistige Atmosphäre », et expliquées comme « eine geistige
oder gemütliche strömung oder auch druck ». (Cf. l’air du temps,
note 18.) — Concevoir une analogie entre des conditions atmosphériques
et le mûrissement d’une idée est la preuve d’une conception
irrationnelle du travail de l’esprit. Aujourd’hui, rien de cette analogie
ne subsiste lorsque nous disons avec désinvolture « à cette époque, la
théorie de la relativité était dans l’air » ; avec cette expression stéréotypée
et intellectualisée, nous sommes loin de toute conception « orageuse
» de la vie de l’esprit. Il revint à Herr Hitler, dans son emploi de
in der Luft, d’accomplir un retour à cette connotation « orageuse », en
lui ajoutant une emphase activiste, masquée bien qu’elle fît partie d’un
tour de phrase irrationnaliste, à prétention poétique ; dans mon quotidien
du 26 février 1941 je lis :
Quand Hitler déclara avec un humour sinistre qu’« en ce moment particulièrement
je me sens mieux que jamais » parce que « je sens que le
printemps est dans l’air », il aborde le sujet qui concerne le monde tout
autant qu’un auditoire nazi consciencieux et enthousiaste. Le printemps
est dans l’air, et nous savons tous que dans la météorologie militaire
du Reich, cela signifie que l’heure d’une nouvelle action est bientôt
arrivée.
C’est un homme de cette sorte qui, à partir de l’air, réussit à transformer
la poésie des Frühlingsrauchen en la réalité des orages de mort.