You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
LEO SPITZER<br />
qu’il soit homme ou bête — c’est pour donner nécessairement<br />
une importance à l’influence déterminante et efficace du milieu*,<br />
car celui-ci est indispensable à la vie de l’organisme. Même pour<br />
Comte, la relation entre l’organisme et son milieu* est vue comme<br />
bienfaisante. Ce qui détermine la vie est une protection, s’unissant<br />
avec ce qu’elle enveloppe. Comte parle souvent de l’harmonie<br />
existant entre les deux (faisant ainsi écho à la « sympathie »<br />
des Anciens) : « …une telle harmonie entre l’être vivant et le<br />
milieu correspondant… tout ce qui entoure ( !) les corps vivants »<br />
(cf. également pp. 206, 210, 276). On doit cependant remarquer<br />
qu’il parle « de milieu correspondant* », pensant par conséquent à<br />
l’harmonie idéale à obtenir. Mais les disciples de Comte sont<br />
moins intéressés par le « milieu correspondant* », de même que<br />
toute idée d’harmonie entre les deux tend à disparaître. Le milieu<br />
tout-puissant est indifférent à l’homme, lequel est son produit<br />
fini, sa créature. Selon Taine, l’état moral* d’un peuple est soumis<br />
à la mécanique (« Il n’y a ici comme partout qu’un problème de<br />
mécanique ») 53 . Il était incapable de voir dans la nature autre<br />
53 Introduction à Histoire de la littérature anglaise (1863). Taine dit<br />
ensuite que, tout comme une rivière qui prend sa source au sommet<br />
d’une colline écoulera progressivement son eau jusqu’à ce que la totalité<br />
du sol de la plaine en soit pénétré, de même la disposition mentale<br />
d’un peuple se répand à tous les aspects de sa civilisation. — En relation<br />
avec ces deux affirmations, j’aimerais citer un passage antérieur<br />
dans lequel Taine développe son thème de race, de milieu et de moment<br />
comme des facteurs déterminants pour l’homme :<br />
421<br />
Lorsqu’on a ainsi constaté la structure intérieure d’une race, il faut<br />
considérer le milieu dans lequel elle vit. Car l’homme n’est pas seul<br />
dans le monde ; la nature l’enveloppe et les autres hommes<br />
l’entourent ; sur le pli primitif et permanent viennent s’étaler les plis<br />
accidentels et secondaires, et les circonstances physiques ou sociales<br />
dérangent ou complètent le naturel qui leur est livré. Tantôt le climat a<br />
fait son effet. … — Tantôt les circonstances politiques ont travaillé. …