MILIEU ET AMBIANCE.

LEO SPITZER
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semble de son existence, l’homme vit dans un um- ; il ne reste de
la vision cosmique du « monde-jaune d’œuf » que l’idée d’être « à
l’intérieur-du-jaune d’œuf ». L’opposition entre le ego cogitans de
wesenhafte Tendenz auf Nähe ». Pour lui, la radio est le symbole de
l’absorption du monde par l’homme (une « Ent-fernung »), qui alors
élargit son Umwelt (bien que cette manifestation si typique d’universalité
puisse tout autant être pensée en termes d’absorption de l’homme
dans les ondes et la distance — une « Fernung »). — Et donc, afin de se
libérer de son sentiment de confinement [boxed-in feeling], Heidegger a
besoin d’imiter les grands mouvements désespérés de son Führer, en
se tournant brusquement vers l’activisme, ce qui est fort éloigné de
l’attitude méditative de Husserl : il conduit le praktische Welt de son
maître vers le Lebensraum d’une Allemagne maître du monde via un
Arbeitswelt. Ainsi, Welt acquiert une nouvelle universalité, née de
l’étroitesse et du désespoir. — La spatialisation d’Umwelt, évidente
chez Husserl, est mise en œuvre par l’attitude animiste d’un autre de
ses étudiants, le linguiste H. Ammann, qui voit dans le « il » impersonnel
de es ist kalt « die räumliche Umwelt schlechthin », le « Lebensraum
» (Festschrift E. Husserl, 1929, pp. 1 ff.) ; et dans celui de es dämmert
[« il fait jour » – it dawns] « das immer gegenwärtige Antlitz der Welt » :
« Als tiefste Wurzel des verbalen Ausdrucks fühlen wir das Verbundensein
mit der Welt, das Durchdrungensein von ihrem Pusschlag ». (Nous
sommes à présent familiers de l’expression « la pulsion de vie » ; ici,
c’est Welt [qui, comme chez Husserl, équivaut à Umwelt] qui « palpite ».)
— (Dans son article « Quevedo und Heidegger » [Deutsche Vierteljahrsschr.,
XVII (1939), 403] Pedro Laín Entralgo a opposé l’héroïsme morbide
de Heidegger devant le Rien, son absence totale du sentiment de
la Renaissance — « Moi et le Monde », à la philosophie de Quevedo
qui, tout en représentant le déclin de ce même sentiment de la Renaissance,
connaît néanmoins une consolation pour l’homme : donec
requiescat in Te.)
12 L’interprétation du mot Umwelt par Heidegger se fonde sur son sentiment
personnel au sujet du langage vivant : il ne se préoccupe pas de
l’histoire des mots. Un tel procédé est parfaitement légitime étant
donné que la philosophie vise en général à l’éclaircissement des usages