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MILIEU ET AMBIANCE.

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426<br />

CONFÉRENCE<br />

de son environnement, en tant que ce qui détermine et modifie la<br />

vie devient l’ennemi de l’individu vivant. Déjà, dans les romans<br />

d’un contemporain de Comte, Balzac, on rencontre beaucoup de<br />

victimes de ce genre 56 .<br />

Mais l’importance du déterminisme si fortement présente<br />

dans le mot scientifique milieu* (car cela reste un terme scientifique,<br />

quoique employé par le biologiste-sociologue Comte, ou<br />

56 L’usage étendu du mot anglais mentality et de ses descendants mentalité<br />

et Mentalität est dû probablement au désir du dix-neuvième siècle<br />

de donner une base ferme et scientifique à l’étude de l’esprit humain :<br />

mentality est une « disposition de l’esprit » qui est elle-même non-créatrice<br />

mais le produit d’influences. Il est significatif que ce mot anglais,<br />

inventé au dix-septième siècle et signifiant originellement « le fait<br />

d’être intellectuel » (cf. personnalité [personality] — « le fait d’être une<br />

personne »), en vint à acquérir une connotation fataliste dans les<br />

langues européennes qui l’empruntèrent comme un terme de psychologie<br />

(un emprunt dont Emerson fut largement responsable : cf.<br />

“ Hudibras has the same hard mentality ” — 1865). Mentality est inévitablement<br />

relié à un pays, une situation sociale, une profession, etc., particuliers<br />

; sa restriction au « type » lui donna une connotation péjorative.<br />

Selon Dauzat (Dictionnaire étymologique) Edmond Scherer († 1880)<br />

fulmina contre ce néologisme en France ; et André Thérive (Querelles de<br />

langage I [1929] pp. 168-169) raconte l’anecdote suivante qui révèle la<br />

nuance de défaitisme contenue dans le mot mentalité (en particulier<br />

lorsqu’il est associé au a-t-on* et à résigné* : on a une certaine mentalité,<br />

par destin) :<br />

La dernière après-midi qu’il vécut, (31 juillet 1914), Jaurès rencontra à la<br />

buvette de la Chambre M. Bonnefous qui lui dit :<br />

— Quelle mentalité a-t-on dans les milieux ouvriers ?<br />

On est résigné, répondit Jaurès avec émotion.<br />

Mais il se ressaisit et ajouta : « Pourquoi employez-vous ce mot mentalité<br />

?»<br />

C’est un mot mal fait, obscur, qui ne peut pas signifier ce qu’on entend<br />

lui faire dire dans le langage courant, où il a pris une place qu’il tient<br />

mal et ne mérite pas.

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