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MILIEU ET AMBIANCE.

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LEO SPITZER<br />

419<br />

comme un biologiste ; et cependant, décrivant l’« organisme », il<br />

est évident qu’il parle également de l’homme. Cette évidence est<br />

particulièrement confirmée dans le passage où il définit le<br />

« milieu » de cet organisme :<br />

Il serait superflu, j’espère, de motiver expressément l’usage fréquent<br />

que je ferai désormais, en biologie, du mot milieu, pour désigner<br />

spécialement, d’une manière nette et rapide, non seulement le fluide<br />

où l’organisme est plongé, mais, en général, l’ensemble total 52 des circonstances<br />

extérieures, d’un genre quelconque, nécessaires à l’existence<br />

de chaque organisme déterminé. Ceux qui auront suffisamment<br />

médité sur le rôle capital que doit remplir, dans toute biologie positive,<br />

l’idée correspondante, ne me reprocheront pas, sans doute, l’introduction<br />

de cette expression nouvelle. Quant à moi, la spontanéité avec<br />

laquelle elle s’est si souvent présentée sous ma plume, malgré ma<br />

52 Le mot français ensemble passa à l’anglais d’abord comme terme technique<br />

dans la peinture. Le dictionnaire d’Oxford cite un passage (1703)<br />

qui définit ce que les peintres appellent « l’accord [agreement] du tout<br />

ensemble ». En ce qui concerne le mot français pris dans ce sens, tous les<br />

passages cités par Littré (qui atteste qu’aucun exemple hors de cet emploi<br />

n’a pu se rencontrer avant le dix-huitième siècle) contiennent une insistance<br />

sur la « tonalité générale » d’une peinture produite par ses détails ;<br />

le mot suggère une harmonie sous-jacente à l’œuvre d’art. L’emprunt de<br />

ce mot français reflète peut-être le besoin d’un terme qui pourrait renvoyer<br />

non seulement au tout (à la totalité) mais au tout en tant que produit<br />

de ses parties : l’agrégation des parties plus leur relation au tout. La<br />

faveur dont a joui le mot ensemble fut à n’en pas douter influencée par la<br />

théorie de Hegel et par celle de Durkheim selon lesquelles le Tout possède<br />

des qualités que n’ont pas les parties qui le constituent. Un tel mot<br />

pouvait évidemment se prêter facilement à de nombreux objets : dans<br />

l’extrait cité plus haut, il réfère au domaine biologico-sociologique. En<br />

anglais, Spencer l’appliqua à la psychologie (1855). Encore une fois, il a pu<br />

devenir trivial, limité à une référence spécifique, comme l’allemand<br />

l’illustre dans son application à une troupe théâtrale ou, en anglais, à un<br />

costume comprenant une robe et un manteau (assortis). En anglais, la<br />

connotation originale et plus abstraite subsiste encore ; en allemand,

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