MUSIQUES ACTUELLES et JEUNE PUBLIC - Petit Faucheux

Ouvrir l’espace musical
La musique électroacoustique est habituellement associée au domaine des musiques
savantes. Le public assistant aux concerts du GRM n’est pas celui des Eurockéennes. Entre
ces deux sphères aisément identifiées, se situent des vergers dont on n’est pas sûr que la
différenciation de ceux qui s’y alimentent soit aussi aisée. Lorsqu’un collectif tel que
Métamkine est invité au festival Musique Action organisé par le CCAM de Vandoeuvre-les-
Nancy, le groupe de musiciens comme l’instance organisatrice est en mesure d’attirer
l’attention de mélomanes susceptibles d’être intéressés aussi bien par les recherches du
GRM qu’aux concerts des Eurockéennes. Aucun de ces quatre regroupements n’est suspect
de concession à la facilité et n’accepte de proposer un potage de compromissions pour attirer
un nouveau public. Il serait donc fort instructif de pousser l’enquête pour tenter de mieux
comprendre à quelles conditions s’opère le voyage culturel, analysé du point de vue du
public et pas seulement du point de vue des musiciens.
Il en va de même pour la thématique « Musiques actuelles et Jeune public ». On verra, au
chapitre suivant qu’une proposition de spectacles vivants souvent hors centres officiels telle
que celle de l’Acoustigloo du GMVL (Groupes de musiques vivantes de Lyon) est une
initiative originale qui mériterait une étude épistémologique approfondie. Car c’est bien de
cela qu’il s’agit : en filigrane de la thématique précise qui a donné lieu à ce dossier, la
question lancinante se présente toujours avec les mêmes mots qui clôturent le rapport de
Lucie Kayas : « la mission de rendre la musique accessible à tous ». Il suffit de conjuguer au
pluriel la formule pour ne faire de ces deux études qu’une seule interrogation : comment
permettre au jeune public d’entendre les musiques, celles vers lesquelles ils sont portés et
celles qui leur sont étrangères ?
« Entendre » est un terme choisi à dessein, qui fait aborder la musique non seulement par
l’écoute, mais également par la compréhension. Et c’est en cela que l’exemple du GMVL
peut être significatif d’une démarche à inventorier en d’autres lieux. Les musiques
électronifiées connaissent un déficit en matière d’analyse proprement musical. Le genre est
certes largement analysé pour ses composants sociologiques, biographiques, économiques.
Mais cela ne suffit pas à des enseignants pour les aider à situer, dans un programme
d’enseignement musical édicté par l’Education nationale, la place de ces musiques dans une
culture générale. Le succès de l’initiative lancée par les Francofolies avec Les Enfants de la
Zique dans le secteur de la chanson francophone, montrent qu’un effort similaire est à
opérer, sur le plan musical, pour les musiques électronifiées comme pour le jazz ou les
musiques traditionnelles.
On l’a vu au cours de l’enquête, les SMAC développent un ensemble d’initiatives permettant
aux enfants et aux adolescents de découvrir les lieux de fabrication musicale : visite
d’équipements, de studios, de salles de spectacle avec ingénieurs du son et techniciens de
toute obédience, expositions sonores, liens avec l’image numérique et autres supports
visuels, interventions dans les écoles de musique ou les collèges et lycées, etc. : on est loin
de ces documents pédagogiques qui fleurissent encore dans certains catalogues et consistant
à faire transcrire à la flûte à bec des pièces de Nirvana, Deep purple, U 2 ou Chuck Berry
(sic). En même temps, si ces productions de pratique instrumentale pour flûte à bec
continuent à bénéficier d’une certaine audience, c’est qu’entre la découverte des modes de
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