MUSIQUES ACTUELLES et JEUNE PUBLIC - Petit Faucheux

Quant au métier d’artiste, si les acquis l’expérience suppléent bien souvent des formations
qui ont été plus souvent théoriques ou techniques que réellement liées à une pratique de la
scène, il n’en reste pas moins que la formation demeure une question posée en premier lieu
par les intéressés. Le fait d’être le fait de « conduire » une salle, surtout lorsqu’il s’agit de
jeune public, relève d’un vrai métier.
A titre d’exemple, les lieux de formation pour les chanteurs sont devenus rares. Il y avait
jadis le Petit conservatoire de Mireille. L’évocation qui en est donnée par Serge Hurault et
son équipe sur le site du Hall de la Chanson est à cet égard révélateur : un grand nombre de
chanteurs ayant acquis leur célébrité depuis ont été les fidèles de cette école remplacée. Il y
eut également le cours d’Alice Dona, quelques tentatives plus moins éphémères telles que le
Centre Georges Brassens, les CAP avec Michel Dente (Ateliers chanson de Paris), les Stylo
maniaques avec Claude Lemelin, les rencontres de la Sainte Baume animées par Pierre
Georges Farragut. Il y eut (et il y a toujours) les stages de vacances tels que les ateliers de
Saint Julien Moulin Molette et cent autres initiatives. Mais il faut reconnaître que les
formations de haut niveau demeurent ponctuelles, courtes, peu nombreuses, et rares sont
celles égalant la qualité professionnelle offerte par le Studio des Variétés, le Coach, les
chantiers des Francofolies.
Les écoles de musique ont certes repris de plus en plus nombreuses l’acquis d’associations
telles que les CV (Ateliers chanson de Villeurbanne) ou d’autres, connues pour leur
militantisme et la diversité de leurs propositions. Mais aujourd’hui nous n’en sommes plus à
la reprise globale d’actif avec la poursuite d’un fonctionnement identique sous couvert d’une
autre institution. Si l’on élargit à l’ensemble du champ des musiques actuelles, on sait que
les conservatoires et écoles de musique, comme les divers organismes fonctionnant sous
régime associatif, mettent au premier rang de leurs préoccupations la chaîne de la formation
allant depuis l’initiation jusqu’à la production scénique en passant par toutes les voies
dérivées.
Le spectacle jeune public a, entre autres mérites, d’ancrer chez les artistes qui s’y consacrent
la conviction que la maîtrise instrumentale et technique n’est pas la seule compétence
requise. L’art de la scène, relevant du théâtre autant que de la danse, de la parole autant que
de la mobilité corporelle, sont des éléments dont les professionnels ont tôt fait de découvrir
l’importance et pour lesquels beaucoup sont prêts à investir du temps.
Il n’en demeure pas moins que dans cet espace général du Jeune public, demeure
l’interrogation de la spécificité des musiques actuelles et surtout de sa nécessité artistique. Si
l’on n’a guère de peine à concevoir qu’elles font opérer une délocalisation culturelle, si l’on
admet aisément qu’elles emmènent ailleurs que dans la manne quotidienne dominante, il
n’est pas toujours certain que soit clairement envisagé le gain du parcours, et notamment
pour des enfants et des adolescents. En d’autres termes, l’existence des musiques actuelles
est certes un motif légitimant l’intérêt qu’on y porte et la nécessité de rendre le jeune public
contemporain de cette éclosion. Il est utile de préciser en quoi cette fréquentation constitue
un apport indispensable pour lui, hormis la nécessité de le rendre présent aux manifestations
artistiques de son temps.
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