MUSIQUES ACTUELLES et JEUNE PUBLIC - Petit Faucheux
MUSIQUES ACTUELLES et JEUNE PUBLIC - Petit Faucheux
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développer mais qui ne se traduisent pas en priorités disciplinaires (l’entraînement à<br />
l’invention, le goût des pratiques artistiques, l’éthique de l’écoute, <strong>et</strong>c.).<br />
Autrement dit, un artiste s’adressant au jeune public doit avoir en tête que quelque chose a<br />
changé entre le moment où il décide de s’adresser à lui <strong>et</strong> le temps où il était lui-même à<br />
l’école. Certes beaucoup ont le terrain privilégié de leur propre famille, mais cela ne suffit pas<br />
pour avoir un regard circulaire. Et de manière plus large il y aurait matière à comparaison entre<br />
les comportements observés à la télévision dans les émissions de variétés, souvent dénoncés à<br />
juste titre par les artistes, <strong>et</strong> ce que ces derniers reproduisent parfois à l’identique quand ils sont<br />
avec des enfants...<br />
Pour les artistes, ce n’est donc pas nécessairement de formation qu’il s’agit en ce domaine,<br />
mais au moins d’information, ou mieux de recherche commune, tant le savoir n’est pas<br />
disponible de manière définitive <strong>et</strong> exhaustive en quelque lieu ou en quelque instance, mais fait<br />
l’obj<strong>et</strong> d’une perpétuelle réactualisation. A titre d’exemple, sont évoqués ci-après quelques<br />
conduites qui éclairent l’opportunité d’une vigilance sur quelques habitudes pas nécessairement<br />
accordées aux attentions de l’école.<br />
Le langage<br />
« Si on s’rait tous copains… »<br />
« C’est moi que j’suis le meilleur… »<br />
Il n’est pas rare que ce genre de propos émaille l’une ou l’autre chanson. Or un certain langage<br />
imitant les approximations syntaxiques des enfants, voire leur jargon de tribu, ne laisse pas de<br />
poser certaines questions.<br />
1.- En premier lieu, il faut savoir que l’effort d’un grand nombre d’enseignants, dans le<br />
primaire <strong>et</strong> même dans le secondaire, porte sur l’apprentissage d’un français parlé<br />
correctement, qui n’est ni celui des SMS, ni celui des radio-FM, ni celui de la rue. Or à se<br />
situer, dans un contexte où le scolaire est intimement mêlé à la prestation artistique, dans un<br />
courant de facilité dont on ne voit pas vraiment la nécessité hormis une inclination suspecte de<br />
vouloir accrocher les enfants en entrant dans leur monde, <strong>et</strong> avec l’autorité que donne la<br />
référence de l’artiste, il faut au moins se dire qu’on pose un problème.<br />
Il ne s’agit pas ici de confondre l’œuvre d’apprentissage relevant de la mission de<br />
l’Education nationale <strong>et</strong> l’œuvre de diffusion artistique. Mais à ne pas aborder la question, on<br />
risque de m<strong>et</strong>tre l’apprentissage d’un langage vrai du côté du scolaire, de l’ennui, de la<br />
difficulté, de l’exercice déconnecté de la vie. Et à m<strong>et</strong>tre la prestation artistique du côté de<br />
l’approximation grammaticale <strong>et</strong> l’emprunt sémantique au langage de l’enfant, on risque de<br />
faire glisser celle-ci soit dans la démagogie, soit dans la seule composante « loisir » en oubliant<br />
que la démarche poétique <strong>et</strong> la subversion inscrite au cœur de la démarche artistique est tout de<br />
même un peu moins simple que certaines complaisances populaires...<br />
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