MUSIQUES ACTUELLES et JEUNE PUBLIC - Petit Faucheux
MUSIQUES ACTUELLES et JEUNE PUBLIC - Petit Faucheux
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qui a vu Georges Brassens à Bobino, Gilbert Bécaud à l’Olympia, Léo Ferré au Palais des<br />
Congrès, <strong>et</strong> quelques autres grands noms dans des salles de province, le constat est clair : on<br />
parlait de récital plus que de show. La restitution des concerts par la télévision relevait de c<strong>et</strong>te<br />
même tension centripète. Il n’est qu’à regarder les archives de l’INA concernant les prestations<br />
de Jacques Brel pour se convaincre que l’audio-visuel ne travaille plus, aujourd’hui, selon les<br />
mêmes formats.<br />
Or avec le développement de la télévision, a disparu la distinction entre jeune public <strong>et</strong> public<br />
familial. En outre n’existent plus les émissions du type de celles réalisées jadis par Dorothée,<br />
Chantal Goya, qui n’ont pas été remplacées à l’écran. Les enfants, quand ils ne sont pas devant<br />
les dessins animés, reçoivent les mêmes images aux heures de grande écoute que celles<br />
destinées aux adultes. Il faut donc prendre la mesure des mutations opérées depuis une<br />
vingtaine d’années. Trois exemples perm<strong>et</strong>tent d’en révéler l’ampleur.<br />
2. Un nouveau traitement musical<br />
1- Le clip a appris à recevoir une musique avec les références de l’artiste ou du groupe qui la<br />
promeut. Il ne s’agit pas d’une mise en scène de ce qui est doné à entendre, mais d’une<br />
promenade dans un univers mental <strong>et</strong> environnemental pouvant se trouver éventuellement fort<br />
loin de la perception de l’auditeur, <strong>et</strong> qui renseigne moins sur l’œuvre que sur ceux qui l’ont<br />
produite. Les plages DVD accolées aux CD audio sont également une façon d’orchestrer la<br />
tendance.<br />
2- Les cameramen de la télévision ont pour coutume, quel que soit le genre de musique dont ils<br />
ont à rendre compte, de faire de l’image, avec une multiplicité de plans se succédant à un<br />
rythme très rapide, où l’on passe des mains sur un clavier aux doigts du contrebassiste, à une<br />
vue arrière d’un chanteur pour revenir sur deux violonistes avec fondu enchaîné sur les<br />
vocalistes, <strong>et</strong> troisième image faisant apparaître le chanteur qui bientôt, seul à l’écran,<br />
s’estompe dans un zoom arrière pour une image de l’ensemble orchestral, <strong>et</strong>c. L’image impose<br />
son cadrage d’écoute <strong>et</strong> plus encore son rythme qui n’est pas nécessairement celui de la phrase<br />
musicale ni celui du regard du spectateur : celui-ci ne demande pas nécessairement à faire un<br />
tel exercice de sauterelle. Il se départit difficilement de l’impression que les faiseurs d’image<br />
craignent par-dessus tout l’ennui du téléspectateur s’il n’est pas maintenu sans cesse en haleine<br />
par l’effervescence d’un geyser d’icônes.<br />
3- La magnificence des décors audio-visuels avec toutes les possibilités d’eff<strong>et</strong>s en temps réels<br />
ou réinsérés lors du montage habitue le spectateur à associer, au récital d’un artiste, une<br />
explosion de couleurs, une symphonie de lumières, un déploiement de sensations qui risquent<br />
de lui faire paraître assez terne, en comparaison, une soirée chansons dans une MJC de quartier.<br />
Les scènes programmant les concerts de variétés se m<strong>et</strong>tent, en fonction de leur budg<strong>et</strong>, au<br />
diapason des modèles télévisés en investissant dans des eff<strong>et</strong>s visuels équivalents. Ce constat<br />
n’est pas à prendre comme un regr<strong>et</strong> du temps passé, mais comme un fait acquis des nouvelles<br />
conditions de diffusion du spectacle musical qui se sont imposées progressivement en un quart<br />
de siècle.<br />
Au risque de reprendre des refrains mille fois réitérés par une certaine opinion culturelle<br />
déstabilisée par la perte des repères anciens, si l’on partage les constats ci-dessus, il est évident<br />
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