MUSIQUES ACTUELLES et JEUNE PUBLIC - Petit Faucheux

D’autres dispositifs sont envisagés de façon régulière, s’adressant sinon à toute une salle, du
moins à un groupe d’une trentaine d’enfants, invités à passer une heure après le spectacle
avec l’artiste qu’ils viennent de voir sur scène.
C’est ainsi la pratique du Festival Mino, organisé par les JMF. L’opération se déroule soit
sur scène, soit dans la salle, soit dans une salle annexe. Ayant vu 5 concerts différents, et en
me référant à d’autres pratiques découvertes ailleurs, cela permet d’établir une petite
typologie de ce genre de proposition :
- Questions-réponses sur le message
Ce fut le cas avec Dominique Dimey. Les enfants interrogent l’artiste qui leur
renvoie en retour ses interrogations sur leur perception de ce qu’elle a souhaité
transmettre. Son concert, présenté dans le style d’un poème écologique et
d’une fresque à la gloire de la terre, évoquait la naissance de la planète, son
développement, la nécessité de la défendre : l’échange avec les enfants portait
essentiellement sur le contenu.
- Questions « comment ça marche »
Avec Hervé Suhubiette, les enfants ont été fascinés par un décor en livres
gigognes sortant les uns des autres, dont le plus grand était lui-même une
bibliothèque-surprise aux ressources multiples. « Et ça, comment ça
s’ouvre? » Le décor ne passe pas inaperçu, surtout quand il joue sur
l’inventivité, et sur la beauté de surcroît.
- Entretien culturel
Les enfants réunis sur scène faisaient face à Fawzi, qui leur montrait le oud,
leur parlait de Zyriab, de la 5° corde, puis de la 6° avec l’option : grave ou
aiguë ? Petit détour sur la tessiture de la voix, et du rôle de cette 6° corde pour
doubler le chant ou pour lui donner un soubassement. Longue approche sur la
langue arabe, sa musicalité, ses phonèmes différents. Puis on chante un peu
une chanson du spectacle pour inscrire dans la mémoire ce qu’on a dit
succinctement auparavant sur la modalité.
- Passage à l’acte
Après le concert de Mederic Collignon et ses complices, ce dernier réunit les
enfants dans le hall-foyer du Théâtre de Chaillot : 100 mètres de long sur 20
de large (estimation approximative), baies vitrées donnant sur la Tour Eiffel et
donnant une réverbération supérieure à tout ce que les meilleurs périphériques
de studio peuvent synthétiser, une quinzaine d’enfants pour une dizaine
d’adultes observateurs. Bref les conditions les pires pour développer un atelier
de pratique musicale. Et en retour, une séance totalement dans la démarche
artistique, centrée sur l’énergie, l’écoute, la concentration, le jeu musical. Une
véritable entrée en jazz et musique improvisée, menée de main de maître, dont
il est fait mention en d’autres pages de ce rapport.
72