MUSIQUES ACTUELLES et JEUNE PUBLIC - Petit Faucheux

Ce courant d’interdisciplinarité, joint à une part prépondérante de la chanson dans la
programmation jeune public, pourrait donner lieu à un certain optimisme. Et pourtant, comme
on le verra ultérieurement, la question se pose avec acuité aux artistes et aux agents
artistiques. Elle interroge plus largement le statut de la chanson, sa médiatisation, sa place
dans les établissements de formation musicale, les repères des programmateurs, et sans doute
aussi ce qu’elle propose majoritairement pour le jeune public. Le fait pour la chanson de
s’adjoindre décors, action théâtrale, images, arts du cirque, est-ce un signe qu’elle ne suffit
plus à solliciter par elle-même l’intérêt d’un public, est-ce vraiment un désir de croisement et
de confrontation, ou une recherche de séduction ? Est-ce parce que le genre chanson dans son
ensemble a évolué, par exemple sous l’emprise de la télévision et de la façon dont cette
dernière la présente sur écran ? Le problème sera repris plus loin.
Le jazz et les musiques improvisées
Si l’on regarde la place du jazz dans les programmations musicales des scènes municipales ou
équivalentes, on constate que le jazz se place en dernière position. Les raisons de cette
apparente modicité viennent-elles des organisateurs ou des artistes eux-mêmes, les chiffres ne
peuvent le dire par eux-mêmes. Le fait qu’il y ait des salles spécialisées pour écouter du jazz
(à la différence de la chanson) conduit sans doute à localiser les musiciens dans leur aire
habituelle. Mais il y a d’autres raisons.
A la différence de la chanson, il n’y a pas d’artistes de jazz dont on puisse dire que la majeure
partie de leur pratique scénique se déroule en direction du jeune public. Le saxophoniste ou le
contrebassiste font du jazz, ils jouent selon toutes les formules connues et référencées, ils
peuvent éventuellement être professeurs d’instrument dans une école de musique ou un CNR,
mais lorsqu’ils sont sur une scène, c’est dans toutes les configurations du concert-jazz.
Certaines associations, qui ne sont pas à proprement parler des établissements de diffusion,
concentrent néanmoins leur activité sur la diffusion du jazz. Beaucoup de celles qui ont une
appellation débutant par les termes Jazz-club se reconnaîtraient dans les propos émanant de
Dunkerque :
« Le jazz-club appartient à la Fédération des Scènes de Jazz qui a des réunions de
programmation. les musiciens me contactent pour venir jouer (3 jours consécutifs) et
je leur propose les concerts jeune public qu’ils acceptent volontiers. (…) Il faut mettre
les enfants en contact avec les musiciens dans leur classe mais aussi dans les lieux de
concerts.La découverte de ce lieu, surtout s’il est petit et convivial, l’ambiance que
l’enfant découvre, l’enthousiasment. Il est fasciné par le jeun des musiciens et prendra
plus volontiers le chemin des salles de concerts plus tard. » (Jazz-club de Dunkerque –
59)
Il arrive que les musiciens s’adressent au jeune public parce qu’ils font partie de la troupe
accompagnant un chanteur ou une chanteuse, et aussi parce qu’ils leur arrive, avec un ou deux
collègues, de présenter un concert concocté spécifiquement pour des enfants ou des
adolescents.
Si l’on élargit aux musiques improvisées, sachant que sous le terme on repousse les limites de
ce que l’on met habituellement sous la terminologie jazz, on rencontre des formules multiples.
42