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La situation est explicitée davantage grâce à l’investigation du groupe lors de la phase<br />

d’exploration qui permet de mieux préciser le contexte, les faits matériels, l’implication de<br />

l’auteur. C’est l’occasion pour la narratrice d’établir au travers d’actes langagiers la distinction<br />

entre ce qui relève de sa propre implication dans la situation et ce qui relève de l’action<br />

collective. En opérant un retour sur son expérience la personne développe une capacité<br />

particulière à prendre de la distance par rapport à son activité, à analyser ce qui était de sa<br />

propre contribution et ce qui a été de l’activité du collectif de travail.<br />

Les questions favorisent la mise en évocation et ainsi des réminiscences possibles, la réflexion<br />

dans l’action passée, des intentions, une recherche de compréhension, des prises de conscience.<br />

Dans l’exploration du récit initial s’effectue « une mise en intrigue narrative » des actions au<br />

sens de Ricœur (VINCENS, 1996, p.39).<br />

Puis, dans le récit et la phase d’exploration il y a une formalisation de l’expérience de la<br />

narratrice au travers de laquelle les compétences détenues sont nommées et que la personne se<br />

reconnaît. Cette mise en forme du récit peut aller jusqu’à une organisation qui permet de<br />

représenter, organiser et légitimer les actions de son auteur.<br />

Souvent, le récit premier n’est qu’une amorce pour établir les faits, c’est alors l’investigation<br />

du groupe dans la phase d’exploration qui va permettre d’aborder les actions complexes « pré<br />

réfléchies » (VERMERSCH, 1994)) et non directement accessibles par le discours de l’acteur.<br />

Ainsi, dans une tentative d’explication concernant une difficulté exprimée dans le cours de<br />

l’activité d’une narratrice, on voit poindre ce que PASTRE (1997) a désigné sous le terme de<br />

« concept pragmatique » dans la description par l’auteur de la situation : parler de son<br />

expérience permet de faire se produire une trace des conceptualisations produites dans<br />

l’activité, savoirs faire liés à l’action et à son contexte non systématiquement et directement<br />

conscients. Une fois explicités, ceux-ci donnent lieu à la transformation des « compétences<br />

incorporées » c'est-à-dire des compétences qui font corps avec l’action donc difficiles à<br />

expliciter (LEPLAT, 2000) en savoir d’action. Cela apparaît notamment dans la quatrième<br />

séance au cours de laquelle la professionnelle impliquée dans la situation, loin de n’être que<br />

l’exécutante d’un travail pensé par d’autres (le travail prescrit en rapport à un référentiel<br />

d’emploi ou de poste) procède à une redéfinition individuelle de la tâche. Cette redéfinition<br />

caractérise l’activité singulière qui permet de traiter à la fois les variations de la situation de<br />

travail et le sens que la personne attribue à son activité.<br />

L’analyse de l’action a posteriori à la faveur du récit permet notamment de repérer les moments<br />

critiques, d’en proposer une explication en terme d’actions ou d’intentions poursuivies, de prise<br />

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