La condition du traducteur de Pierre Assouline - Centre National du ...
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<strong>La</strong> <strong>condition</strong> <strong>du</strong> tra<strong>du</strong>cteur<br />
première entreprise mondiale d’import-export <strong>de</strong> littérature, il doit veiller à<br />
l’équilibre international <strong>de</strong>s échanges et favoriser l’harmonisation <strong>de</strong>s pratiques.<br />
Yes we can! (en anglais dans le texte)<br />
Co<strong>de</strong><br />
Éditeurs et tra<strong>du</strong>cteurs littéraires ne se sont pas réunis <strong>de</strong>puis 1993. À<br />
l’époque, leurs laborieuses négociations avaient tout <strong>de</strong> même abouti au co<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s usages. Les tra<strong>du</strong>cteurs avaient conservé un souvenir amer <strong>de</strong> leur issue,<br />
les éditeurs ayant réussi au <strong>de</strong>rnier moment à faire rajouter une clause autorisant<br />
le versement <strong>du</strong> <strong>de</strong>rnier tiers <strong>de</strong> l’à-valoir à la publication, ce qui eut pour<br />
effet <strong>de</strong> le retar<strong>de</strong>r quand cela ne le rendait pas carrément aléatoire, entraînant<br />
les abus que l’on sait. Puis les années passèrent, marquées par <strong>de</strong>s changements<br />
<strong>du</strong> côté <strong>de</strong>s pouvoirs politiques, et par <strong>de</strong>s « affaires » entre tra<strong>du</strong>cteurs<br />
et éditeurs, qui n’ont pas semblé propices à une nouvelle rencontre. L’ATLF<br />
s’étant ouverte auprès <strong>de</strong> Benoît Yvert <strong>de</strong> ce que cette absence <strong>de</strong> dialogue<br />
était préjudiciable à la profession, celui-ci commanda le présent rapport afin<br />
que le CNL puisse engager sa décision en se fondant sur un état <strong>de</strong>s lieux.<br />
Le fait est que le co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s usages est <strong>de</strong> moins en moins respecté. Il serait<br />
opportun <strong>de</strong> le remettre au cœur <strong>de</strong>s relations contractuelles, même si les éditeurs<br />
n’apprécient guère d’être rappelés à leurs engagements, comme lorsque,<br />
par exemple, on dénonce les pratiques <strong>de</strong> ceux d’entre eux qui cumulent différents<br />
comptes d’un tra<strong>du</strong>cteur alors que, sauf accord précis, c’est illégal. Il<br />
serait bon aussi que, dans leur discours, la tra<strong>du</strong>ction cesse d’être présentée<br />
comme un far<strong>de</strong>au économique, pour re<strong>de</strong>venir un joyau <strong>de</strong> la couronne.<br />
Pour bénéficier d’une ai<strong>de</strong> à la tra<strong>du</strong>ction littéraire, les éditeurs doivent impérativement<br />
avoir passé avec le tra<strong>du</strong>cteur un contrat conforme auxdits usages.<br />
Ce qui vaut pour les dix commissions <strong>du</strong> CNL concernées par la question. Si<br />
certains l’ont oublié, il serait bon <strong>de</strong> le leur rappeler. Il ne s’agit pas <strong>de</strong> sanctuariser<br />
le co<strong>de</strong> mais <strong>de</strong> rappeler qu’il engage ceux qui le signent.<br />
Surtout, le co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s usages doit être actualisé à la lumière <strong>de</strong>s évolutions<br />
<strong>de</strong> l’économie <strong>du</strong> livre, <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong>s tra<strong>du</strong>cteurs et <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong>s<br />
éditeurs. Afin <strong>de</strong> le remettre à plat, il faut examiner point par point les usages<br />
qui ne sont pas appliqués, quand ils ne sont pas sciemment violés, et essayer<br />
<strong>de</strong> comprendre pourquoi. Les traditionnels gar<strong>de</strong>-fous étant en voie <strong>de</strong> disparition,<br />
il y a urgence, car, si rien n’est fait, les relations entre les éditeurs et<br />
les tra<strong>du</strong>cteurs se dégra<strong>de</strong>ront en se judiciarisant davantage. Pour l’instant,<br />
la perspective <strong>de</strong>s frais à engager dans une longue procé<strong>du</strong>re, conjuguée à