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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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l’éternité s’approche pour moi, et, avant de rendre <strong>com</strong>pte auRoi éternel, je vais le faire au roi passager. Il y a dix-huit ans,Sire, que vous m’avez remis entre les mains un royaume faibleet divisé ; je vous le rends uni et puissant. Vos ennemis sontabattus et humiliés. Mon œuvre est ac<strong>com</strong>plie. Je demande àVotre Majesté la permission de me retirer à Cîteaux, où je suisabbé-général, pour y finir mes jours dans la prière et laméditation.Le Roi, choqué de quelques expressions hautaines de ces paroles,ne donna aucun des signes de faiblesse qu’attendait leCardinal, et qu’il lui avait vus toutes les fois qu’il l’avait menacéde quitter les affaires. Au contraire, se sentant observé partoute sa cour, il le regarda en roi et dit froidement :– Nous vous remercions donc de vos services, monsieur leCardinal, et nous vous souhaitons le repos que vous demandez.Richelieu fut ému au fond, mais d’un sentiment de colère quine laissa nulle trace sur ses traits. « Voilà bien cette froideur,se dit-il en lui-même, avec laquelle tu laissas mourir Montmorency; mais tu ne m’échapperas pas ainsi. » Il reprit la paroleen s’inclinant :– La seule ré<strong>com</strong>pense que je demande de mes services, estque Votre Majesté daigne accepter de moi, en pur don, lePalais-Cardinal, élevé de mes deniers dans Paris.Le Roi étonné fit un signe de tête consentant. Un murmurede surprise agita un moment la cour attentive.– Je me jette aussi aux pieds de Votre Majesté pour qu’elleveuille m’accorder la révocation d’une rigueur que j’ai provoquée(je l’avoue publiquement), et que je regardai peut-êtretrop à la hâte <strong>com</strong>me utile au repos de l’État. Oui, quand j’étaisde ce monde, j’oubliais trop mes plus anciens sentiments derespect et d’attachement pour le bien général ; à présent queje jouis déjà des lumières de la solitude, je vois que j’ai eu tort ;et je me repens.L’attention redoubla, et l’inquiétude du Roi devint visible.– Oui, il est une personne, Sire, que j’ai toujours aimée, malgréses torts envers vous et l’éloignement que les affaires duroyaume me forcèrent à lui montrer ; une personne à qui j’aidû beaucoup, et qui vous doit être chère, malgré ses entreprisesà main armée contre vous-même ; une personne enfin107

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